Alain Dancyger quitte la tête des Grands Ballets canadiens

Après avoir travaillé pendant deux décennies avec trois directeurs artistiques — Lawrence Rhodes, Gradimir Pankov et, depuis 2017, Ivan Cavallari —, le directeur général Alain Dancyger quitte les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBC). « Le temps est venu de me tourner vers d’autres aventures et de m’ouvrir aux belles surprises de la vie », indiquait M. Dancyger par voie de communiqué, maintenant que les GBC ont leur nouvelle maison dans l’Espace Danse de l’édifice Wilder.
La marque d’Alain Dancyger sera peut-être d’avoir pensé autrement le développement philanthropique, qui fleurit aux GBC de manière exceptionnelle dans le milieu de la danse québécoise. Des activités comme le Fonds Casse-Noisette pour enfants, qui permet chaque année à 2800 enfants défavorisés de voir une représentation du classique de Noël tout en soutenant la réfection des décors et des costumes du spectacle. Ou comme le Marché Casse-Noisette. Dancyger aura aussi chapeauté l’arrivée des GBC dans leur nouvel espace du Quartier des spectacles. Une arrivée qui n’était pas qu’un déménagement, précise-t-il en entrevue, mais une manière de « pouvoir participer à la transformation de la vie des gens, par une vision holistique qui englobe tous les bienfaits que procure la danse, dont le développement de l’art chorégraphique en soutenant un directeur artistique, ou de sortir un peu la danse de ses frontières purement esthétiques et chorégraphiques, avec le Centre national de danse-thérapie, et d’aller beaucoup plus loin dans la manière dont la danse peut vraiment transformer et stimuler la vie des gens — qu’ils soient en santé ou pas. »
La controverse autour de la programmation 2018-2019 Femmes n’est pas un facteur de ce départ, annoncé à l’interne au début du mois de mars, selon l’organisation. Un départ qui s’articulera peu de temps après l’arrivée d’Ivan Cavallari comme directeur artistique. Un signe de visions divergentes ? Pas du tout, répond M. Dancyger. « J’aurais aimé l’accompagner dans l’accomplissement de sa vision. On s’entend très bien, il y a une très belle synergie. C’était un peu la même chose avec les deux directeurs artistiques passés. Mais il fallait que je prenne une décision, que j’ai un peu repoussée, à cause du déménagement dans le Wilder — un projet en gestation depuis 15 ans, une étape importante que j’avais à coeur de mener à terme. Il y a toujours de très bonnes raisons de ne pas partir ! Je suis quand même un dinosaure dans le milieu culturel ! Passer 22 ans à la tête d’une institution culturelle, c’est assez inhabituel. C’est le moment pour moi de faire ce que j’ai toujours rêvé de faire. » Quels sont ces projets ? M. Dancyger rechigne à les dévoiler. Tiennent-ils de l’écriture, pour celui qui a écrit L’économie du bon sens : redevenons humains (Édito) ? De la danse ? L’homme élude la question.
Que souhaite-t-il aux GBC pour l’avenir ? « Je leur souhaite de poursuivre leur lancée, d’accomplir de merveilleuses choses et surtout de pouvoir continuer à transformer la vie des gens pour le meilleur. » Oui, mais de manière concrète, de quoi pense-t-il que la compagnie aujourd’hui a besoin ? « Honnêtement je ne sais pas. Moi, j’aime toujours le leadership qui conjugue des bonnes visions et qui est capable avec les bonnes équipes et les bénévoles de les mettre en place. »
Et M. Dancyger de terminer en soulignant que « tout le travail accompli est un hommage aux artistes, travailleurs culturels, bénévoles, qui ont participé à bâtir ce que sont les GBC et ce qu’ils seront demain. »