Quartiers Danses sur une note hispanique

Démocratique, intergénérationnel, le festival Quartiers Danses (FQD) peut maintenant s’affubler d’un autre qualificatif : hispanophile. La manifestation ancrée dans les quartiers se met en branle ce mercredi avec son volet extérieur gratuit et un programme en salle à forte saveur hispanique dès vendredi. Entretien avec le Madrilène Daniel Abreu qui ponctue, puis clôt l’événement.
Une affection particulière
FQD n’en est pas à sa première incursion dans l’univers chorégraphique espagnol. Le retour du tandem formé de Virginia García et Damian Muñoz, et de Kukai Dantza, venus respectivement en 2013 et 2012, marque une affection particulière du festival pour ce coin de pays. Ces artistes convergent d’ailleurs lors de la soirée d’ouverture, ce vendredi, alors que Kukai Dantza propose un double programme : Gelajauziak, étude des danses traditionnelles basques signée Cesc Gelabert, et Sorbatza, chorégraphié par Damian Munoz et Virginia Garcia.
Daniel Abreu, quant à lui, s’amène pour la première fois. On le verra d’abord en solo sur la scène extérieure de la place des Festivals, les 17 et 18 septembre. Offshore est sa plus récente pièce, sa première créée pour l’espace public — en primeur pour FQD. Celui qui mise sur les éclairages et la scénographie que permet la boîte noire du théâtre s’est donné le défi de créer sous la franche lumière du jour.
L’hiver en été
« Comment transposer ce qui se passe sur scène à l’extérieur ? s’est-il demandé. Sur scène, on peut créer des moments magiques ; dehors, tout le monde voit ce qu’on fait… » Il maniera ici le masque et la machine à fumée pour jouer sur l’apparition/disparition, et créer un paysage hivernal sur le bitume urbain de cette fin d’été. En toile de fond, une petite réflexion critique sur le décalage entre l’image que l’humain projette et sa véritable nature.
En toute fin de parcours du FQD, on le retrouvera sur la scène de la Cinquième Salle de la Place des Arts dans Animal, pièce pour cinq danseurs, qui aborde la question du désir et de l’instinct de survie. « C’est à propos de ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas », résume-t-il, puisqu’au final, la vie tourne largement autour des besoins humains et du désir de les satisfaire. Psychologue de formation, Daniel Abreu en sait quelque chose. S’il n’y a pas de fil narratif clair dans ses oeuvres, c’est d’ailleurs parce qu’il croit au pouvoir de chaque spectateur de s’inventer sa propre histoire et de la teinter de ce qu’il ressent. Ses chorégraphies se composent plutôt d’une succession d’images nées d’un travail essentiellement physique.
« Seul le mouvement m’intéresse. Après, notre esprit va y coller une émotion », dit-il. Dans Animal, un texte sur les manières de rompre une relation amoureuse, il donne le ton (humoristique) sans toutefois servir de canevas narratif. La nudité s’y glisse parfois, dérivé naturel du désir et de la fragilité qui se révèle derrière le combat pour la vie, tandis que la scénographie invite à basculer dans le rêve.
Catherine Lafleur en rappel

Crédit: Sonya Stefan