De l’ambiguïté évocatrice de la couleur aqua

Stephen Thompson et Natalie Purschwitz
Photo: Source Studio 303 Stephen Thompson et Natalie Purschwitz
Le Studio 303, propice aux expérimentations, remet pour une seconde édition la soirée Métamorphose, où s’allient arts vivants et visuels.
 

L’univers de la danse est déjà innervé d’influences venues d’autres disciplines. Mais convoquer ces croisements en amont, comme premier guide de création, ouvre d’autres perspectives.

« J’ai vraiment pris le temps de travailler sur la collaboration, de cultiver une autre sensibilité par rapport à ma pratique artistique, avec le temps de recherche que ça implique. Cela a libéré quelque chose », explique le danseur-performeur Stephen Thompson. Il s’est jumelé à l’artiste vancouvéroise Natalie Purschwitz, qui travaille le textile. Leur création, Subslime, a moment in aqua, prend pour point de départ la couleur aqua.

« J’ai beaucoup voyagé et j’étais fasciné par cette couleur. À Cuba, c’était une petite maison tout aqua. À Lisbonne, c’était une voiture. En Italie, c’était très tendance pour les bikinis », raconte celui qui en a fait une espèce de collection en forme de photoreportage sur une période de cinq ans. La couleur surgit avec des teintes légèrement différentes à chaque rencontre. Ni tout à fait verte, ni tout à fait bleue, cette ambiguïté chromatique se retrouve au coeur de la pièce.

« On aime bien cet espace “ entre ” », dit Stephen Thompson, dont l’exploration s’attardera autant au dégradé de tons qu’au spectre des émotions qu’on peut lui associer. En filigrane, c’est que les deux artistes se penchent aussi sur toutes les nuances et l’espace qui se déploient entre l’art et sa production, le spectateur, ses valeurs et la vie quotidienne.

« Ma recherche est en lien avec le corps et la danse, mais aussi plus généralement sur la façon de produire l’art, les méthodes, l’économie, la façon de contrôler tout ça », dit celui qui approfondit des questions soulevées dans ses dernières collaborations, notamment avec Trajar Harrell lors d’un « studio ouvert » au prestigieux Museum of Modern Art de New York, cet automne.

Designer autant qu’artiste visuelle, Natalie Purschwitz a fabriqué, pendant un an, tous les vêtements qu’elle portait. « Gants, chaussures, pantalons, c’était une manière pour elle de remettre en question notre rapport au textile comme objet de consommation. » Elle a aussi créé sa propre gamme de vêtements.

Au moment de l’entretien, leur démarche artistique demeure encore ouverte : soit l’oeuvre se fera installative, évacuant toute présence physique et vivante, soit, au contraire, elle convoquera un ou des artistes-collaborateurs pour une performance spontanée.

C’est d’ailleurs ce genre de rencontres imprévues qu’il suscitait avec Antonja Livingstone dans Culture, Administration Trembling, au dernier Festival TransAmériques. Une occasion de montrer au public comment se fabrique la danse, dans ses moments aussi plus chaotiques.

En deuxième partie, Eva Kolarova, danseuse des Grands Ballets canadiens, et la vidéaste Luciana Marcos proposent Cycle, phase 2.

Subslime, a moment in aqua et Cycle, phase 2

Au Studio 303, les 6 et 7 décembre

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