Plaidoyer pour la danse à l’écran

L’improvisation a guidé une large part de l’écriture même si l’écriture de Mme Époque et de Frédérick Graveil a servi la trame.
Photo: FAKE Studio - Office national du film du Canada L’improvisation a guidé une large part de l’écriture même si l’écriture de Mme Époque et de Frédérick Graveil a servi la trame.

C’est l’aboutissement d’années de recherche. CODA, premier film québécois d’une danse… sans corps, réalisé grâce à la technique de capture du mouvement par le Laboratoire de technochorégraphie (Lartech), est présenté en compétition nationale les 9 et 17 octobre au Festival du nouveau cinéma (FNC).

La production de l’Office national du film, qui anime des corps numériques sur les dix dernières minutes du Sacre du printemps de Stravinski, est un exploit d’abord technique. Mais pour la chorégraphe Martine Époque, cofondatrice de Lartech et coréalisatrice du court-métrage avec Denis Poulin, l’oeuvre confirme qu’« il y a une signature motrice du danseur au-delà de sa morphologie, de son identité corporelle ». Dès 2010, au fil du travail de captation de mouvements avec les danseurs du film (Frédérick Gravel, Robert Meilleur, Briana et Séverine Lombardo), le tandem a d’ailleurs déjà lancé une collection de 13 signatures, dont celles de Louise Lecavalier, Sophie Corriveau, Sylvain Émard.

L’improvisation a guidé une large part de la chorégraphie, même si l’écriture de Mme Époque et de Frédérick Gravel a aussi servi de trame. « On leur demandait d’oublier d’être parfait, d’accepter leur fragilité du moment » qui révèle davantage cette identité motrice de chacun, selon Mme Époque.

Le résultat reste très expérimental. Même les yeux aiguisés d’une critique n’ont pu y reconnaître l’identité du principal « danseur sans corps ». Dans cet étrange ballet de particules où les corps se désintègrent et réapparaissent, on revient pourtant à l’essence dynamique de la danse, à son abstraction fondamentale et à la force qu’elle puise dans l’éphémère.

« C’est un flux de vie qui nous habite et qui est fragile, qui peut disparaître mais qui va renaître tout de suite », résume la chercheuse du Lartech.

Plaidoyer

 

Le film est une manière de souligner aussi l’importance « d’ouvrir de nouveaux territoires pour la danse et montrer que ces outils peuvent donner accès à de nouvelles expressions », indique Mme Époque qui, dès 1992, offrait au Département de danse de l’UQAM des cours de vidéo danse.

Un plaidoyer que renchérit Sylvain Bleau, qui lançait en 2012 le festival Cinédanse. « Mettre la danse à l’écran va aider le milieu à se déployer », estime-t-il. Qu’il s’agisse de recréation d’oeuvres scéniques ou de création de courts-métrages, il faut investir ce champ de pratique selon lui déjà défriché bellement par des artistes comme Édouard Lock et André Turpin pour Amélia, ou François Girard pour Le dortoir de Carbone 14.

En attendant la seconde édition de Cinédanse, reportée à 2015 à cause de l’incendie au Musée de la civilisation de Québec où elle se tiendra en même temps que l’exposition Corps rebelles, il a invité la cinéaste lsabel Rocamora à donner des ateliers professionnels à La Rotonde (9-10 octobre) et au Studio 303 (11-12 octobre). Formée autant en arts vivants et en cinéma, elle a signé une série de courts et moyens métrages qui traitent de sujet d’actualité à travers le geste, dont Horizon of Exile, Promise of a Fallen Time et Body of War seront présentés à Cinédanse.

Coda (extraits)

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