Ballet national du Canada: casser le romantisme

Le Ballet national du Canada (BNC) est une compagnie si grande, avec ses quelque 70 danseurs, qu'elle ne peut se permettre que de rares tournées. Il est donc d'autant plus nécessaire, pour l'ancienne prima ballerina Karen Kain, de garder fraîche et vivante la créativité de ses danseurs et de son public. «Nous sommes une compagnie de niveau international et je veux que nous le restions, explique-t-elle, une fois attrapée au téléphone. Je ne veux surtout pas que nous nous retrouvions isolés dans un petit cocon. Je tente, dans la mesure de nos moyens, de faire venir des artistes importants de partout. Wayne McGregor, par exemple, vient en novembre terminer une chorégraphie très crue, qui se danse pieds nus.»
Après sa longue carrière de danseuse étoile, Karen Kain est devenue en 2005 directrice artistique du BNC. «J'aime faire la programmation et voir l'éclosion sur scène, après des années de travail souterrain, de pièces qui vont donner de la joie aux artistes et aux spectateurs. Mais la part ardue, c'est de garder le ballet comme une forme d'art importante dans le coeur du grand public. Il faut casser le préjugé de ce qu'est le ballet — une idée qui se limite au ballet romantique. Alors qu'on fait beaucoup, beaucoup plus, poursuit madame Kain. La compagnie est très polyvalente et peut exécuter du travail chorégraphique du XIXe, du XXe et du XXIe siècle. Ça attire une race particulière de danseurs, très ouverts. Mais ça demande aussi une certaine attitude du public. Nos spectateurs aiment leurs classiques et veulent les revoir, mais ils commencent à apprécier tout l'arc-en-ciel de ce que le ballet peut, maintenant, être.»
C'est avec un programme particulièrement contemporain que le Ballet national revient, bien loin de La Fille mal gardée livrée la dernière fois. D'abord, les 24 Préludes de Chopin, chorégraphiés par Marie Chouinard et repensés pour 17 danseurs. «C'est une grande artiste, pas très connue au Canada anglais. En voyant les Préludes, j'ai pensé: «Wow, voilà une façon de tisser des liens entre notre compagnie, nos sensibilités et ce côté anglophone-francophone qui, en danse, ne se traduit pas par deux solitudes, mais par l'ouverture d'un artiste au travail d'un autre."» Une pièce que le BNC a présentée à Vancouver, à l'Olympiade culturelle 2010. En deuxième partie, Émergence, une création de Crystal Pite pour une impressionnante cohorte de 38 danseurs, dont les courts extraits vus sur YouTube laissent présager le meilleur. La pièce a remporté à Toronto quatre prix Dora Mavor Moore pour les arts de la scène.
Karen Kain répète, au fil de la conversation, sa fierté de présenter des oeuvres de ces deux femmes canadiennes. Car le ballet, si féminin dans son iconographie, demeure un monde d'hommes. «Il n'y a à peu près pas de femmes qui décident. Celia Franca [directrice artistique du BNC jusqu'en 1974] a été la première avec qui j'ai travaillé, quatre ou cinq ans. Ensuite, il n'y a eu que des hommes, cinq avant moi. Dans le monde, peu de femmes dirigent. Il y a Monica Mason au Royal Ballet, Brigitte Lefèvre à l'Opéra de Paris. Nous avons toutes trois une grande camaraderie dans ce boy's club.» Karen Kain voit aussi beaucoup plus de chorégraphes masculins, même si les choses, croit-elle, sont en train de changer. À tous les niveaux. «Il y a dans la compagnie plein de jeunes hommes qui ne répondent pas au stéréotype du danseur de ballet. De "vrais hommes", très fiers de danser. At the top, à la direction et aux chorégraphies, il y a encore plus d'hommes. Je sens — peut-être ne devrais-je pas le dire, car chaque cas est différent, finalement — une plus grande générosité, une sensualité, une tendresse peut-être dans l'approche des femmes.»
Avant de courir vers ses autres obligations, la directrice souligne sa joie de présenter un spectacle à Montréal. «J'ai plusieurs danseurs de Montréal, extraordinaires, comme Guillaume Côté, qui vont pouvoir montrer ce qu'ils savent faire.»
Après sa longue carrière de danseuse étoile, Karen Kain est devenue en 2005 directrice artistique du BNC. «J'aime faire la programmation et voir l'éclosion sur scène, après des années de travail souterrain, de pièces qui vont donner de la joie aux artistes et aux spectateurs. Mais la part ardue, c'est de garder le ballet comme une forme d'art importante dans le coeur du grand public. Il faut casser le préjugé de ce qu'est le ballet — une idée qui se limite au ballet romantique. Alors qu'on fait beaucoup, beaucoup plus, poursuit madame Kain. La compagnie est très polyvalente et peut exécuter du travail chorégraphique du XIXe, du XXe et du XXIe siècle. Ça attire une race particulière de danseurs, très ouverts. Mais ça demande aussi une certaine attitude du public. Nos spectateurs aiment leurs classiques et veulent les revoir, mais ils commencent à apprécier tout l'arc-en-ciel de ce que le ballet peut, maintenant, être.»
C'est avec un programme particulièrement contemporain que le Ballet national revient, bien loin de La Fille mal gardée livrée la dernière fois. D'abord, les 24 Préludes de Chopin, chorégraphiés par Marie Chouinard et repensés pour 17 danseurs. «C'est une grande artiste, pas très connue au Canada anglais. En voyant les Préludes, j'ai pensé: «Wow, voilà une façon de tisser des liens entre notre compagnie, nos sensibilités et ce côté anglophone-francophone qui, en danse, ne se traduit pas par deux solitudes, mais par l'ouverture d'un artiste au travail d'un autre."» Une pièce que le BNC a présentée à Vancouver, à l'Olympiade culturelle 2010. En deuxième partie, Émergence, une création de Crystal Pite pour une impressionnante cohorte de 38 danseurs, dont les courts extraits vus sur YouTube laissent présager le meilleur. La pièce a remporté à Toronto quatre prix Dora Mavor Moore pour les arts de la scène.
Karen Kain répète, au fil de la conversation, sa fierté de présenter des oeuvres de ces deux femmes canadiennes. Car le ballet, si féminin dans son iconographie, demeure un monde d'hommes. «Il n'y a à peu près pas de femmes qui décident. Celia Franca [directrice artistique du BNC jusqu'en 1974] a été la première avec qui j'ai travaillé, quatre ou cinq ans. Ensuite, il n'y a eu que des hommes, cinq avant moi. Dans le monde, peu de femmes dirigent. Il y a Monica Mason au Royal Ballet, Brigitte Lefèvre à l'Opéra de Paris. Nous avons toutes trois une grande camaraderie dans ce boy's club.» Karen Kain voit aussi beaucoup plus de chorégraphes masculins, même si les choses, croit-elle, sont en train de changer. À tous les niveaux. «Il y a dans la compagnie plein de jeunes hommes qui ne répondent pas au stéréotype du danseur de ballet. De "vrais hommes", très fiers de danser. At the top, à la direction et aux chorégraphies, il y a encore plus d'hommes. Je sens — peut-être ne devrais-je pas le dire, car chaque cas est différent, finalement — une plus grande générosité, une sensualité, une tendresse peut-être dans l'approche des femmes.»
Avant de courir vers ses autres obligations, la directrice souligne sa joie de présenter un spectacle à Montréal. «J'ai plusieurs danseurs de Montréal, extraordinaires, comme Guillaume Côté, qui vont pouvoir montrer ce qu'ils savent faire.»