Impact, du danseur et chorégraphe Marc Boivin - Ceci n'est pas une autobiographie
La longue silhouette de Marc Boivin, son crâne rasé et sa prestance sont familiers aux amateurs de danse. À 46 ans, Boivin a dansé pour certains des chorégraphes les plus importants au Canada. Il présente cette semaine pour la première fois à Montréal son travail de chorégraphe avec Impact. Une fausse autobiographie, où le parcours est plus important que les faits.
Pour Marc Boivin, Impact, c'est l'écho que les êtres ont les uns sur les autres et les empreintes qu'ils laissent. Au fil du travail, «le lien de genèse avec mes parents a surgi». Boivin les a traînés, eux et leurs 75 ans, en studio. «Il y a toi et moi dans cette pièce, explique-t-il en entrevue, juste avant sa répétition, et une chimie qui n'appartient qu'à toi et moi. Il y aurait une troisième personne ici, tout changerait. C'est le rapport au monde, la proprioception, comment le corps sent les choses, tout ça réagit. Alors quand tes parents sont avec toi en studio...» Impact est un parcours biographique où la biographie est pur prétexte.La chorégraphie permet à Boivin de poser un regard nouveau sur la danse, sur l'appel de passion qu'il a suivi tout jeune. «C'est possible de rester avec ce choix et de le regarder d'angles différents.» Il l'a déjà fait, passant de l'interprétation à l'improvisation, exerçant comme professeur jusqu'à devenir un des pédagogues reconnus au pays. «J'ai défendu pendant des années la parole des autres. J'ai une énorme pudeur à faire [de la chorégraphie]. Je me suis demandé si j'avais vraiment quelque chose à dire et je me suis rendu compte que l'urgence du désir de prendre la parole et d'écouter ce qui en moi voulait prendre cette parole était suffisante.» Pour relever le défi, il s'entoure des collaborateurs qui l'ont suivi dans R.A.F.T.70, son précédent projet d'improvisation. Jonathan Inksetter crée l'environnement visuel et technologique, Diane Labrosse la musique et Yan Lee Chan la lumière. «J'ai dû défier des idées que j'avais sur l'interprétation parce que tous les choix sont les miens. Je suis face à moi-même et je dois laisser tomber mes armes de protection d'interprète. C'est pour ça qu'on danse: pour communiquer, pour que la sensibilité de l'interprète résonne chez le spectateur et d'un être à l'autre.» Un effet domino, né d'un seul et premier impact.
Collaboratrice du Devoir
- Impact, une chorégraphie de et par Marc Boivin,
À Tangente, du 7 au 19 mai