Improvisation dansée sur le thème de la transmission

On ne naît pas chorégraphe, on le devient. C'est l'avis de l'interprète de métier Marc Boivin, qui se lance dans la création d'une soirée complète de danse... improvisée!

À l'instigation du grand manitou de l'improvisation Andrew de L. Harwood, qui lui a donné carte blanche, Marc Boivin a bâti la charpente de R.A.F.T. 70 (Remembering and Forgetting Together), présenté ce soir et jusqu'à samedi au Théâtre La Chapelle.

«Andrew, c'est un parrain de l'improvisation, dit le concepteur de la soirée. Il voulait un groupe d'improvisateurs plus mature et un plus jeune, dans un souci de transmission. Je ne pouvais pas faire autre chose que de partir de là.»

Cette idée de transmission, infinie et impalpable, évoque chez lui l'image d'un radeau à la dérive, d'où le titre du projet, R.A.F.T. 70. «La transmission repose beaucoup sur le souvenir — et l'oubli», dit-il. Le chiffre 70 renvoie à tous les gens (groupes d'étudiants, amis, proches) qui ont assisté aux répétitions, et donc influencé le développement du projet, comme le public le fera à son tour ce soir.

Cinq danseurs-improvisateurs (Lin Snelling, David Rancourt, Maureen Shea et les deux instigateurs) évoluent sur le thème de la transmission dans un univers scénographique et vidéographique imaginé par Jonathan Inksetter et un environnement sonore conçu sur mesure par la musicienne Diane Labrosse, sur scène avec les protagonistes.

«C'est la première fois que je conçois un spectacle d'une telle envergure, confie en entrevue au Devoir celui qui a évolué au Groupe de la place Royale avant de danser pour Ginette Laurin, Jean-Pierre Perreault, Louise Bédard et bien d'autres. Pour moi, ç'a été une longue transition entre la manière d'être interprète dans une impro, ce que je connais très bien, et le rôle de maître d'oeuvre. Ça prend un autre genre de jugement.»

Lentement mais sûrement, il trace ainsi sa voix de créateur depuis quelques années, dans le sillage de son rôle d'enseignant et en contrepoint à son vaste métier d'interprète qu'il chérit toujours autant.

Si elle reste largement tributaire du hasard des rencontres entre les performeurs et avec le public, une soirée d'improvisation de danse requiert des balises, une structure, donc une préparation, avec exercices d'improvisation.

«L'impro, ce n'est pas l'instinct à l'état pur, c'est comment on se démerde à l'intérieur d'une contrainte, explique celui qui dirigeait les exercices guidés par partitions et consignes d'improvisation, «certaines purement physiques, d'autres basées sur des images, des mises en situation, pour toucher à différentes qualités et poésies. On reproduit le rapport qu'on a avec le temps et avec les autres» en s'imposant des contraintes. L'équipe travaille ainsi depuis près d'un an sur la base d'une conviction profonde: «l'idée que l'apport de chacun trouve son sens quand l'autre intervient». C'est là que réside toute la magie de l'improvisation.

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