«Squaring The Circle»: l’art de la pochette selon Hipgnosis

Chaque fois on revient sur certains des choix artistiques qui ont mené aux pochettes, la plupart du temps avec des photos et des vidéos d’archives.
Photo: levelFILM Chaque fois on revient sur certains des choix artistiques qui ont mené aux pochettes, la plupart du temps avec des photos et des vidéos d’archives.

Qu’est-ce qui se cache derrière quelques-unes des plus mythiques pochettes de disque ? C’est déjà une question au potentiel passionnant. Le documentaire Squaring the Circle, du réalisateur néerlandais Anton Corbijn, offre plusieurs réponses à ce sujet, mais il double ce travail d’un portrait du studio anglais Hipgnosis, pierre angulaire de tout un pan du design musical des années 1970.

Anton Corbijn s’y connaît dans l’art de parler de musique, lui qui a travaillé sur des films sur Joy Division et Depeche Mode, en plus notamment d’avoir réalisé le vidéoclip de Heart-Shaped Box de Nirvana, entre autres choses. Il est donc dans son élément avec ce documentaire sur la boîte Hipgnosis, créée par les bouillonnants créateurs Storm Thorgerson et Aubrey « Po » Powell.

Hipgnosis ? Le film campe rapidement l’importance du studio pour nous hameçonner. Les deux artistes ont abondamment travaillé au visuel de groupes et d’artistes comme Pink Floyd, Led Zeppelin, Peter Gabriel, 10 CC, Wings et autres monstres du rock britannique. Pour peu qu’on soit sensible à cette musique, on a hâte d’en découvrir plus. C’est Syd Barrett qui a par accident trouvé le nom du studio ? C’est quand même pas rien.

Exception faite de la présentation en couleur des pochettes, Anton Corbijn a opté dans son documentaire pour le noir et blanc. C’est peut-être un clin d’oeil à la pochette de The Dark Side of the Moon, de Pink Floyd, une des oeuvres maîtresses de Storm et Po. C’est là un choix qui se défend, même si les textures et la saturation des teintes de noir varient selon les entrevues.

Ces entrevues sont au centre de l’oeuvre. Le pilier du film reste le témoignage de Powell — Storm est mort en 2013 —, qui porte le récit sur ses épaules, récit qui s’attarde à une quinzaine de pochettes clés du studio, qui a brillé de 1968 jusqu’au début des années 1980. Mais on peut entendre notamment Roger Waters et David Gilmour, Paul McCartney, Jimmy Page et Robert Plant, ainsi que Noel Gallagher. On a vu pire brochette d’invités.

Et ces musiciens ont la grâce de braquer les projecteurs sur les deux hommes derrière Hipgnosis. On découvre grâce à leurs anecdotes une paire passionnée, exigeante, hyper audacieuse, libre — et dont les cachets sont très élevés. Chaque fois on revient sur certains des choix artistiques qui ont mené aux pochettes, la plupart du temps avec des photos et des vidéos d’archives.

Au cumul, l’approche chronologique et répétitive de Squaring the Circle peut lasser, mais les oeuvres sont si marquantes dans l’histoire de la musique qu’on s’accroche jusqu’au bout.

À l’ère où les pochettes mesurent quelques millimètres sur des écrans de téléphone, il reste très pertinent de souligner que ces pochettes carrées qui recouvrent des disques ronds sont des oeuvres d’art à part entière.
 

Squaring the Circle: The Story of Hipgnosis

★★★ 1/2

Documentaire d’Anton Corbijn. Royaume-Uni, 2023, 101 minutes. Au cinéma du Parc.

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