«The Little Mermaid»: la sirène, le prince et le faux-scandale

Halle Bailey, qui incarne la petite sirène
Photo: Disney Halle Bailey, qui incarne la petite sirène

Le 26 mai, le film The Little Mermaid (La petite sirène) prendra l’affiche — et fort probablement la tête du box-office également. Très attendue, comme la plupart des adaptations en prises de vues réelles des classiques animés du studio Disney, cette superproduction-ci se distingue des précédents Cinderella (Cendrillon), Jungle Book (Le livre de la jungle) et autres Beauty and the Beast (La Belle et la Bête). De fait, lorsqu’il fut annoncé en 2019 que la jeune Halle Bailey incarnerait Ariel, il s’en trouva pour se vexer que la bien-aimée sirène soit jouée par une actrice noire. Qu’à cela ne tienne, le studio maintint le cap, plaçant à la barre de l’ambitieux projet le réalisateur Rob Marshall.

Librement inspiré du conte de Hans Christian Andersen, le film suit Ariel qui, au grand dam de son père, le roi des mers, est attirée par le monde terrestre en général et par un prince humain en particulier.

 

« La première actrice que nous avons rencontrée pour le rôle, c’est Halle », se souvient Rob Marshall lors d’une conférence virtuelle à laquelle Le Devoir a été convié. « Et la première chose qu’elle a faite en arrivant est de chanter pour nous. Elle a fermé les yeux et commencé à chanter la chanson [Part of Your World]. Je n’en revenais pas de ce que j’entendais. Je l’ai trouvée si profondément connectée à ce qu’elle chantait… C’était si émouvant. C’était si beau. Et j’ai pensé : “Nous avons commencé les auditions il y a cinq minutes à peine. Est-ce que nous avons déjà trouvé notre Ariel ?” »

Pour mémoire, Rob Marshall s’y connaît en films musicaux pour avoir notamment réalisé Chicago, Into the Woods (Dans les bois) et Mary Poppins Returns (Le retour de Mary Poppins), ces deux derniers produits par Disney.

Quant à cette « connexion » entre Halle Bailey et les chansons — et les tribulations — du personnage, elle perdura. « Ariel m’a vraiment aidée à me trouver ; à trouver cette version de moi, en tant que jeune femme, confie la chanteuse et actrice. Vous savez, ça a représenté presque cinq ans de ma vie : de 18 ans à 23 ans. Ce sont des années intenses, transformatrices, où on se développe en tant que jeune femme. Avec tout ce qu’Ariel traverse, et considérant sa passion, sa détermination, sa volonté de se faire entendre même si ça peut être effrayant… Elle m’a beaucoup appris. »

Elle qui prête sa voix éminemment reconnaissable à Scuttle (Eurêka en V.F.), le goéland benêt mais attachant, Awkwafina avait pour sa part cela à dire sur la controversée question de la diversité : « La distribution reflète le monde dans lequel on vit. Et je crois que tout le monde mérite de se voir représenté à l’écran. »

Qui plus est, déchirer sa chemise au sujet de la couleur de peau que peut ou ne peut pas avoir une créature imaginaire, donc qui n’existe pas, est un brin absurde, c’est le moins qu’on puisse dire.

« Melissa n’a peur de rien »

Quoi qu’il en soit, Rob Marshall et son énorme équipe avaient des considérations logistiques bien plus pressantes auxquelles se consacrer pendant le tournage-fleuve du film, qui fut reporté puis stoppé par la pandémie, et dont le budget gardé secret s’élèverait à environ 200 millions de dollars américains (sans compter l’onéreuse campagne de publicité).

D’un côté, il y avait le volet numérique, qui impliquait d’innombrables effets spéciaux nécessaires à la création du royaume sous-marin (faune, flore, effacement de bulles d’air, etc.). De l’autre, il y avait le volet physique, réparti en plusieurs lieux.

Certaines séquences extérieures furent par exemple filmées en Sardaigne, tandis que les scènes sous-marines furent tournées aux célèbres studios Pinewood, de Londres, dans d’immenses réservoirs d’eau où il arriva à Halle Bailey et à Melissa McCarthy de passer jusqu’à 16 heures par jour.

« Quand ils actionnaient le tonnerreet les éclairs et le vent et les vagues autour de nous, c’était comme si nous étions au milieu de l’océan, en pleine tempête », assure Halle Bailey.

« Je n’ai pas posé le pied au sol de tout le tournage », affirme pour sa part Melissa McCarthy, qui tient le rôle de la vile et tentaculaire Ursula.

Et Melissa McCarthy de décrire comment elle était attachée à d’immenses échafaudages et appareillages. « Si je plongeais, c’était un type de gréement. Si je tournoyais, c’était un autre type de gréement. Et il y avait tous ces danseurs et cascadeurs, sous l’eau, qui étaient mes nageoires, ou enfin mes tentacules… »

L’irrésistible vedette de Spy (Espionne) et The Heat (Un duo d’enfer) se voit par ailleurs offrir là une rare partition de « méchante ». Cela, en plus de se révéler une chanteuse douée : sa version à la fois sinistre et drôle de la chanson Poor Unfortunate Souls s’avère le clou du film.

« Melissa n’a peur de rien, mais elle n’arrivait pas à croire que c’était sorti d’elle », note John DeLuca, producteur du film et, à la ville, époux de Rob Marshall.

Ce dernier renchérit : « John et moi aimons travailler avec des acteurs et actrices qui sont de nouveaux venus en matière de films musicaux, parce qu’ils approchent les chansons du bon endroit. Ils chantent en étant le personnage, et ils donnent vie à la scène à travers la chanson. »

Plus d’émotion

Finalement, il convient de signaler l’ajout, en épigraphe du film, d’une citation tirée du conte original : « … mais les sirènes n’ont pas de larmes et n’en souffrent que davantage ».

« Nous étions d’emblée conscients que cette histoire était déjà très actuelle dans les années 1830, avec cette jeune fille qui ne se sent pas à sa place et qui part en quête d’elle-même dans un autre monde. Donc, de trouver quelque chose spécifiquement chez Hans Christian Andersen qui nous permettrait d’asseoir ça, c’était important pour nous », résume John DeLuca.

Rob Marshall opine, avant de conclure : « Nous apportons plus de profondeur et d’émotion. Alors, cette idée qu’une sirène n’a pas de larmes et souffre par conséquent davantage… Ça mettait la table pour une relecture plus émouvante de cette histoire. »

Le film The Little Mermaid prend l’affiche le 26 mai.

À voir en vidéo