«Club de lecture. Le chapitre suivant»: la vieillesse décomplexée

Elles ont dépassé cette date de péremption que l’on (pronom masculin ?) dit frapper les femmes à la cinquantaine. L’expression « p’tite madame » est derrière elles. N’ayons pas peur du mot : ce sont des vieilles. Des septuagénaires-bientôt-octo. Mais ces vieilles-là ne se sont jamais laissé « invisibiliser ». Dans une société où l’âgisme a le vent dans les voiles, respect ! D’accord, elles sont riches, éduquées, blanches. Des privilégiées. Et alors ? Ça arrive même aux meilleures. Et c’est à fond la caisse, sans regarder dans le rétroviseur (elles ont goûté au « miroir, miroir… »), qu’elles mordent dans le présent en levant le verre de l’amitié.
Là se trouve l’essence (nectar pour certains, vinaigre pour d’autres) de Club de lecture. Le chapitre suivant (V.F. de Book Club: The Next Chapter) de Barry Holderman, réalisateur sans grande personnalité (professionnellement, en tout cas), qui, dans cette comédie coécrite avec Erin Simms, retrouve les quatre icônes qui ont fait le succès du « premier chapitre », paru en 2018. Sans elles, pas de film. D’autant qu’il est difficile de faire plus mince comme scénario.
Elles, ce sont Jane Fonda en Vivian, un esprit libre qui a toujours vécu sans attaches (mais pas sans hommes) ; Diane Keaton en Diane, qui a été mariée, est veuve mais toujours mère de deux filles poules à qui elle doit apprendre à prendre leurs distances (avec elle) ; Candice Bergen en Sharon, juge à la retraite dont la répartie ne déplairait pas à une certaine Murphy Brown ; et Mary Steenburgen en Carol, qui découvre les « joies » (ne lésinons pas sur les guillemets) de la retraite en couple, son mari venant de la prendre (la retraite, précisons). Ces quatre mousquetaires sont amies depuis toujours. Elles ont maintenu leurs liens, entre autres grâce à ce club de lecture dont il était beaucoup question dans le premier opus, sur fond de 50 nuances de Grey, et à peu près pas dans celui-ci.
Il faut dire que ces quatre vieilles dans le vent n’ont pas le temps de bouquiner : elles prennent l’avion pour l’Italie. Un voyage qu’elles devaient faire avant-hier (il y a quelques décennies, quoi), moult fois reporté parce que… la vie. Mais là, il y a un mariage dans l’air. Un bachelorette party s’impose. Sauf que rien ne se déroule comme prévu. Pour elles, s’entend. Les spectatrices, elles, verront tout venir de loin, avec ou sans lunettes. Et ce n’est pas grave : le plaisir n’est pas dans la non-aventure (bon, rendons à l’Italie les lauriers qui lui reviennent : elle fait de bien belles images), mais dans le fait de passer un moment avec ce quatuor de feu. Les messieurs (Andy Garcia, Don Johnson, Craig T. Nelson et compagnie) font ici figure de faire-valoir. L’arrière-plan leur sied très bien.
Bref, Club de lecture. Le chapitre suivant fait la preuve qu’une oeuvre peut être aussi divertissante qu’elle est oubliable. Après consommation, il en reste, pour les unes, un sentiment de bien-être amusé. Pour les autres, d’agacement fugace. Et, pour toutes, un désir : celui que ces quatre formidables actrices se fassent — aussi — offrir quelque chose de plus consistant. Elles ont les dents et l’appétit pour cela.