Les nouvelles voix du festival Regard

Scène du film « Les grandes claques », présenté au festival Regard, dans le cadre de la rétrospective « L’année Steeve Laplante »
Photo: Photo fournie par le festival Regard Scène du film « Les grandes claques », présenté au festival Regard, dans le cadre de la rétrospective « L’année Steeve Laplante »

La réputation du festival Regard, dont la 27e édition s’ouvre mercredi, à Saguenay, n’est plus à faire. Présentant cette année 180 films provenant de 50 pays, dont 75 films québécois, l’événement est devenu le plus important au Canada à être entièrement consacré aux courts métrages. C’est aussi un rendez-vous essentiel pour l’industrie cinématographique d’ici.

C’est pourquoi Mélissa Bouchard, directrice de la programmation, souhaite permettre à de plus en plus de « nouvelles voix » de se faire entendre à l’événement : « Quand un festival a 27 ans, c’est important qu’il continue à s’actualiser. On a donc retiré les projections en reprise pour élargir notre compétition parallèle, y compris le programme Short and Queer, qui met en avant les communautés LGBTQ+. On va aussi présenter un nouveau programme de courts métrages autochtones, qui va voir le jour l’an prochain. »

Mme Bouchard est toutefois consciente qu’en dépit de la riche programmation de son festival, Saguenay demeure relativement inaccessible pour la majorité du public québécois. Par conséquent, tous ses 180 films seront accessibles en ligne partout au Québec, à partir du lendemain de la clôture des projections en salle, le 27 mars, et ce, jusqu’au 10 avril.

Comme chaque année, les dix programmes de la compétition officielle et les cinq programmes de la compétition parallèle mêlent des courts métrages d’ici avec de grosses pointures de l’international en première québécoise. Notons par exemple Le matelot volant, d’Amanda Forbis et de Wendy Tilby (Québec), et Ice Merchans, de João Gonzalez (Portugal), qui figuraient parmi les cinq finalistes du meilleur court métrage d’animation aux Oscar. « On présente autant de mégaproductions que de films indépendants autofinancés, et c’est exactement ce que notre public recherche », explique Mme Bouchard.

Gros plan sur Steve Laplante

Regard, c’est aussi, comme toujours, des programmes thématiques qui sortent des sentiers battus. Cette année, Mme Bouchard s’est fait plaisir. Lorsqu’elle a remarqué que le comédien Steve Laplante était devenu le chouchou du cinéma d’auteur québécois en 2022, avec ses apparitions remarquées dans Babysitter de Monia Chokri et Viking de Stéphane Lafleur, elle a eu l’idée de la rétrospective L’année Steve Laplante.

« L’an dernier, j’ai commencé à faire des recherches pour retracer tous ses vieux films — des courts métrages, qui demeurent méconnus, raconte-t-elle. Il a accepté de participer avec une grande générosité, ainsi que les cinéastes des films que nous allons présenter, qui viendront à la rencontre du public. » La rétrospective rassemble cinq films, qui s’échelonnent de 2001 à 2021.

En tout, dix programmes « thématiques » sont au menu. On remarque les plus prévisibles catégories des films de genre et d’art et essai, mais aussi quelques surprises, comme une carte blanche au prestigieux festival DokuFest consacrée au cinéma kosovar, et une autre au festival Présence autochtone.

Saguenay en fête

Malgré l’attrait de l’offre virtuelle abondante, les rencontres avec le public demeurent irremplaçables. Et Regard a la réputation d’organiser des soirées qui valent le déplacement jusqu’à Saguenay. « La plupart des visiteurs viennent de Montréal, soutient Mme Bouchard. Ils se sentent déracinés au début, mais ça finit par être un contexte propice pour faire la fête. » De nombreux événements spéciaux gratuits sont d’ailleurs prévus, notamment une rencontre avec le cinéaste Francis Leclerc(Le plongeur) animée par la critique de cinéma du Devoir Manon Dumais.

Ainsi, cette année encore, Mme Bouchard constate un engouement grandissant pour son festival. Elle n’en est pas peu fière : « J’ai assisté à des dizaines de festivals dans ma vie, mais j’en ai rarement vu un comme le nôtre, où 800 personnes font la file devant une salle pour voir des courts métrages. C’est très touchant pour nous et pour les cinéastes, d’autant plus qu’on présente peu d’artistes connus. Ça démontre que le public a confiance en la programmation. »

Quoi voir, à Regard ?

De très beaux films ont fait leur place au festival cette année. Le Devoir a demandé à Mélissa Bouchard quels étaient ses coups de coeur. Pour elle, deux films sortent du lot. « Je pense tout de suite à Jusqu’à ce que tu meures, de Florence Lafond (Québec), lance la programmatrice. Deux jeunes acteurs d’un naturel déconcertant discutent dans une chambre à coucher. Ils sont touchants et drôles à la fois. »

Mme Bouchard note également le documentaire québécois Cherry, réalisé par Laurence Gagné-Frégeau. Il s’agit d’un portrait de l’autrice, humoriste et actrice Marie-Louise Chouinard, décédée l’an dernier. « On la suit dans les derniers mois de sa vie, alors qu’elle est morte toute seule dans la trentaine. C’est un film superbe qui va sans doute marquer le public. »



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