«Coco ferme», un nouveau Conte pour tous «pour faire rêver»

Ruby Brown était présente avec ses enfants à la première du film «Coco ferme», au Cinéma Impérial. « Ma génération a grandi avec
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Ruby Brown était présente avec ses enfants à la première du film «Coco ferme», au Cinéma Impérial. « Ma génération a grandi avec "La guerre des tuques" et "Bach et Bottine", alors ma soeur et moi étions très contentes. »

Après un hiatus de presque 10 ans, les Contes pour tous, cette bien-aimée franchise québécoise de films jeunesse fondée par le regretté Rock Demers, revient sur nos écrans avec Coco ferme. Accueilli par de chaleureux applaudissements lors de sa première dimanche, le film de Sébastien Gagné devrait gagner à la fois le coeur du jeune public et celui des parents nostalgiques de l’époque de La guerre des tuques.

Coco ferme, c’est d’abord le projet de son producteur et scénariste, Dominic James, qui a repris en 2015 les rênes des productions La Fête, de Rock Demers. L’entreprise a produit parmi les plus grands classiques du cinéma jeunesse québécois, dont Bach et Bottine, La guerre des tuques et La grenouille et la baleine, sous la bannière des Contes pour tous. À l’époque, M. Demers, à l’aube de ses 80 ans, était prêt à passer le flambeau. « Rock m’a dit : “Il faut que ce soit toi.” J’étais très touché », raconte M. James.

Ce dernier a grandi avec les Contes pour tous et était déterminé à s’en inspirer pour laisser sa marque sur le cinéma contemporain. « Les films d’aujourd’hui sont souvent sombres. Je voulais m’éloigner de cette tendance et marquer un retour vers les E.T., les Goonies et les Retour vers le futur de ce monde pour faire rêver et inspirer nos enfants. »

Pour y arriver, Dominic James s’est intéressé à un sujet « complètement d’actualité », dit-il. Tourné aux alentours de Frelighsburg, où il demeure, Coco ferme suit le jeune Max (Oscar Desgagnés), qui lance sa propre entreprise. Avec l’aide de ses amis, Charles (Joey Bélanger) et Alice (Emma Bao Linh Tourné), il met sur pied une ferme biologique de 300 poules pondeuses, déterminé à ne pas faire comme son père (Simon Lacroix), qui connaît des problèmes financiers.

« À Frelighsburg, on est entourés de familles de paysans qui vivent de leur ferme, raconte M. James. La révolution paysanne et l’entrepreneuriat sont des thématiques qui me parlent beaucoup. »

Le producteur s’est aussi inspiré du succès de Tirelire Combines et Cie, un Conte pour tous réalisé par Jean Beaudry, paru en 1992, dont l’histoire est similaire. « La franchise a démontré aux enfants qu’en unissant leurs forces, ils peuvent tout faire. Je voulais ramener cette idée. »


Sourires et mascottes

C’est au Cinéma Impérial, dans le cadre du Festival international du film pour enfants de Montréal (FIFEM), qu’a eu lieu la première de Coco ferme, dimanche. La salle était remplie d’enfants et de parents plus enthousiastes les uns que les autres à l’idée de découvrir un nouveau film jeunesse bien de chez eux.

La projection n’avait rien d’une première festivalière habituelle, et c’était très bien comme ça. Le film était présenté à 14 h 30. Les enfants pleurnichaient parce que le cinéma n’offrait pas de pop-corn. Des mascottes de poules se faisaient prendre en photo avec les familles. « On va éviter les longs discours, parce qu’on sait que vous avez hâte de voir le film ! » a lancé d’entrée de jeu Jo-Ann Blouin, la fondatrice et directrice générale du FIFEM.

Si le film s’est révélé beau et touchant, plus belle encore était la foule qui applaudissait et riait de bon coeur. « Ça m’a plu, j’ai trouvé ça très émouvant. Je pense que c’est le premier film jeunesse québécois [en prises de vues réelles] que je vois », a confié le petit Benjamin Loyer après la projection. Sa mère, Ruby, était tout aussi enthousiaste : « Ma génération a grandi avec La guerre des tuques et Bach et Bottine, alors ma soeur et moi étions très contentes. »

Thomas Charpentier, 8 ans, accompagné de ses petites soeurs, Charlie et Léa, était du même avis. « J’ai aimé ça, c’était drôle, c’était intéressant. J’aimais tous les personnages », dit-il.

Laurence Jolly, une autre jeune cinéphile, préférait quant à elle le personnage d’Alice, qui a élaboré la stratégie de réseaux sociaux de la petite ferme. « Elle était gentille ! » a-t-elle lancé avec un sourire timide.


Hommage à Rock Demers

Pour Jo-Ann Blouin, cela ne fait aucun doute, le défi de relancer la franchise de Rock Demers a été relevé haut la main par Dominic James et Sébastien Gagné. « J’aime beaucoup ce film-là. Longtemps, le film pour enfants a été considéré comme un sous-produit au Québec, mais celui-là est drôle, il est ambitieux, il sera présenté partout dans la province — et pas seulement pendant la relâche scolaire ! »

Mme Blouin, qui a bien connu M. Demers, lui a d’ailleurs livré un hommage senti avant la projection. Elle a également réitéré son engagement à « faire rayonner sa mission » en décernant le second prix Rock-Demers à la distributrice Chantal Pagé, présidente, fondatrice et directrice générale de Maison 4:3. Ce prix a été créé l’an dernier, peu de temps après le décès du producteur, pour récompenser des acteurs du milieu qui valorisent le cinéma jeunesse d’ici. Mme Pagé distribue justement Katak, le brave béluga cette année, aussi présenté au FIFEM.

À voir au FIFEM

Jusqu’au 5 mars, le FIFEM présentera, dans divers cinémas de Montréal, 16 longs métrages, ainsi que deux programmes de courts métrages. Le Devoir a demandé à Jo-Ann Blouin quels étaient ses coups de coeur. « Il faut voir les deux films québécois, Coco ferme et Katak, le brave béluga, mais nous avons aussi des perles de partout dans le monde à découvrir », dit-elle. En voici trois.

Un récit initiatique norvégien : La reine du bal, d’Aurora Gossé

« C’est une belle histoire d’amour entre une jeune fille et un nouveau venu de son école qui fait du hip-hop. Ça devient aussi un film sur l’acceptation de soi, puisque la protagoniste est en surpoids et se met de la pression, au départ, pour maigrir afin d’être capable de danser comme lui. C’est très touchant. »

Un documentaire français : Être prof, d’Émilie Thérond

« Trois enseignantes travaillent dans des conditions inimaginables dans différentes régions du monde. L’une se rend au travail avec un traîneau tiré par des rennes dans un campement nomade de Sibérie ; l’autre enseigne dans la grande pauvreté au Burkina Faso ; la troisième lutte pour continuer à travailler dans un bateau-école du Bangladesh pour éviter de se faire marier de force. Ça devrait intéresser autant les parents que les jeunes. »

Un drame argentin : Le coeur blindé, d’Arturo Castro Godoy

« Ce film-là est magnifique, mais demeure pour un public de 12 ans et plus puisqu’il peut être plus difficile à voir. C’est l’histoire d’un petit garçon qui grandit dans une famille complètement dysfonctionnelle en Argentine. Un jour, l’équivalent local de la DPJ s’en charge, et le garçon se rebelle. La relation qu’il entretient avec un travailleur social devient très touchante et pleine d’espoir. »

Coco ferme

Comédie jeunesse de Sébastien Gagné. Avec Benoît Brière, Steve Laplante, Simon Lacroix, Oscar Desgagnés, Emma Bao Linh Tourné et Joey Bélanger. Québec, 2023, 87 minutes. En salle dès le 24 février.



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