«Astérix et Obélix. L’Empire du Milieu»: rendez-vous manqué

Si le duo formé par Astérix (Guillaume Canet) et Obélix (Gilles Lellouche) fonctionne bien, c’est sur le plan de la quête desdits personnages que le film se gâte.
Photo: Christophe Brachet Si le duo formé par Astérix (Guillaume Canet) et Obélix (Gilles Lellouche) fonctionne bien, c’est sur le plan de la quête desdits personnages que le film se gâte.

Les enfants qui iront voir le nouvel Astérix avec leurs parents aimeront assurément ses nombreuses punchlines, ses scènes de bagarres burlesques et ses références à la culture populaire. Mais puisque les enfants — à quelques exceptions près — ne lisent pas les critiques, on ne peut pas faire abstraction, ici, des nombreux ratés du film pour les adultes qui voudraient être avertis avant d’emmener leur progéniture au cinéma.

Malgré toutes les promesses que représentaient l’imposant budget de 65 millions d’euros et la distribution cinq étoiles (Marion Cotillard, Angèle, Orelsan, Bigflo et Oli…) de ce nouvel opus de la célèbre franchise, Astérix et Obélix. L’Empire du Milieu déçoit, avec un scénario qui tombe à plat, truffé de clichés orientalistes et de ressorts dramatiques prévisibles.

La barre était peut-être trop haute pour Guillaume Canet, qui réalise ici son premier Astérix et qui assure le rôle-titre. Il s’agit aussi du premier film en prises de vue réelles de la série à ne pas être basé sur une bande dessinée, ainsi que le premier dans lequel Obélix n’est pas interprété par Gérard Depardieu. C’est Gilles Lellouche qui reprend le rôle. Éminemment sympathique, il se révèle à la hauteur. La complicité des deux acteurs et de leurs personnages dans le film fait chaud au coeur. C’est plutôt sur le plan de la quête desdits personnages que ça se gâte.

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Mission sauvetage

Une fois de plus, les Gaulois sont appelés en renfort dans un pays étranger contre un envahisseur. Il s’agit, en l’occurrence, de sauver l’Empire chinois d’un coup d’État orchestré par le prince Deng Tsin Qin (captez-vous le jeu de mots douteux… ?), avec l’appui des Romains de Jules César (Vincent Cassel). Au début du film, l’impératrice de Chine (Linh-Dan Pham) est emprisonnée par l’armée du prince, et sa fille, la princesse Fu Yi (Julie Chen), se retrouve en Gaule pour convaincre Astérix et sa bande de sauver son peuple.

Guillaume Canet semble avoir voulu éviter un dénouement où les personnages chinois, dépendants de leurs sauveurs gaulois, auraient perdu toute agentivité. À la dernière minute, alors que tout semble perdu pour Astérix et Obélix contre l’armée romaine, c’est l’armée de l’impératrice qui cause la surprise et qui remporte la victoire finale. Rappelons, d’ailleurs, qu’on peut se permettre de divulgâcher, ici, puisque les Astérix se terminent toujours sur un heureux banquet où l’on célèbre la victoire des Gaulois.

Photo: Pathé Films - Trésor Films - Les Enfants Terribles - TF1 Films Production - White And Yellow Films - Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma - Artémis Productions Une image tirée du film « Astérix et Obélix : L'empire du milieu »

On regrette tout de même que le cinéaste n’ait pas davantage profité de l’occasion de réaliser ce premier film aussi loin du véritable Empire romain pour réinventer cette structure classique. En outre, même si les femmes occupent de beaux rôles au premier plan, la représentation de nombreux personnages chinois demeure trop caricaturale, voire insensible.

Une version édulcorée

Certains éléments issus des bandes dessinées, immuablement drôles et charmants, arrivent toujours à faire effet, et sauvent le film du désastre. On rit beaucoup, comme toujours, lorsque les irréductibles Gaulois attaquent sauvagement les Romains, ou encore lorsque le barde Assurancetourix (merveilleusement incarné par Philippe Katerine) est mis au ban par les villageois. La mise en scène produit, cependant, une version édulcorée de l’univers original de la bande dessinée. On perd la magie et la chaleur du précédent film, Astérix et Obélix. Au service de Sa Majesté (2012).

Loin du rythme plus lent d’Astérix et Obélix. Mission Cléopâtre (2002), le plus grand succès de la série, où l’on se permettait encore de longues scènes de dialogues comiques, ce dernier épisode prend la cadence effrénée d’une hyperproduction américaine. Il souffre d’un besoin manifeste de surprendre et de stimuler le spectateur à tout moment. De nombreuses scènes sont d’ailleurs accompagnées de musique populaire américaine et donnent l’impression d’un cinéma français qui se cherche et qui cherche (trop) à plaire au plus grand nombre.

Par Toutatis, le ciel serait-il tombé sur la tête du cinéma français ? Pas tout à fait, mais le film de Guillaume Canet aurait besoin de sa propre potion magique et en appelle à ce que de meilleures oeuvres rendent hommage aux regrettés Goscinny et Uderzo.

Astérix et Obélix L’Empire du Milieu

★★ 1/2

Comédie de Guillaume Canet, France, 111 minutes. Pathé Films. En salle le 1er février.



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