La période des Fêtes en trois films cultes étonnants

Tout le monde connaît ses classiques du temps des Fêtes. Chaque mois de décembre, Le père Noël est une ordure, Le sapin a des boules ou Maman, j’ai raté l’avion !, pour ne nommer que ceux-là, se retrouvent inévitablement à l’affiche en salle ou au coeur de nos soirées cinéma à la maison.
De nombreux Québécois ont donc pris l’habitude de voir les mêmes films chaque année — presque tout le temps des comédies qui comportent un même schéma narratif et une bonne morale, souvent inspirée d’Un chant de Noël, de Charles Dickens. L’histoire du cinéma nous rappelle toutefois qu’il existe une grande variété de films du temps des Fêtes.
C’est pourquoi Le Devoir vous en propose trois, devenus cultes, mais dont les thèmes et les genres ne sont pas instinctivement associés à cette période, question de vous permettre de varier vos visionnages des prochains jours.
Piège de cristal (Die Hard)
Ce sanglant thriller d’action a fait l’objet de nombreux débats pour déterminer s’il est véritablement un film de Noël, mais plusieurs indices révèlent qu’il devrait être considéré comme tel.
Rappelons, d’abord, que Piège de cristal (1988, John McTiernan) raconte l’histoire du policier new-yorkais John McClane (Bruce Willis) qui vient retrouver sa femme, Holly (Bonnie Bedelia), dont il est séparé, à Los Angeles, lors de la fête de Noël de son entreprise. Celle-ci se retrouve au coeur d’une prise d’otages, et John McClane finit par tuer les brigands et sauver les otages, dont son épouse.
Bien qu’il ait pris l’affiche en juillet 1988, le film a davantage été revisité pendant la période des Fêtes au fil des années. Le cinéma Moderne, à Montréal, l’a d’ailleurs présenté il y a deux semaines.

Non seulement l’intrigue se déroule un 24 décembre, mais le film comporte aussi plusieurs éléments visuels relatifs à la période des Fêtes, notamment des décorations de Noël et une prépondérance de couleurs chaudes, surtout dans l’éclairage et les costumes des personnages. C’est sans compter la fameuse scène où John McClane apprend aux ravisseurs qu’il détient une mitraillette en l’écrivant, avec du sang, sur le cadavre d’un des leurs (qu’il a tué), signant « ho-ho-ho ».
Misant sur l’engouement renouvelé pour le film à l’occasion des Fêtes, 20th Century Studios a même publié, en 2018, une nouvelle bande-annonce du film intitulée Die Hard | Le meilleur conte de Noël, qui cumule plus de 800 000 vues sur YouTube. Le studio a donc tranché ; il s’agit bel et bien d’un film du temps des Fêtes.
3615 code Père Noël
C’est bien connu, la période des Fêtes a aussi généré bon nombre de nanars. On pense tout de suite à Voisin contre voisin (Deck the Halls, 2006, John Whitesell) ou, au Québec, à Papa est devenu un lutin (2018, Dominique Adams).
Même s’il ne fait pas l’unanimité auprès des critiques, le film d’aventures français 3615 code Père Noël (1989, René Manzor) est devenu culte grâce à son ambitieuse mise en scène et à l’absurdité de ses séquences d’action. Le cinéma Public le présentera d’ailleurs cette semaine, à Montréal.
René Manzor voulait recréer une ambiance lugubre à l’américaine, inspirée, entre autres, de celle des Gremlins (1984), lui-même un film de Noël inusité. 3615 code Père Noël est un récit d’aventures où Thomas, 9 ans, attend l’arrivée du père Noël chez lui, seul avec son grand-père, le 24 décembre, alors que sa mère, qui l’élève seule, est retenue au travail.
« Faut pas chercher à voir le père Noël, sinon, il se transforme en ogre », l’avait pourtant prévenu sa mère. C’est donc un père Noël sociopathe en quête de vengeance qui arrive chez Thomas.
Passionné d’informatique, ce dernier, qui est interprété par le fils de René Manzor, avait précédemment truffé la maison familiale de jeux et de pièges qui finissent par l’aider dans ses tentatives d’arrêter la folie meurtrière du père Noël.
Ce récit vous fait-il penser à quelque chose ? C’est parce que 3615 code Père Noël a directement inspiré Maman, j’ai raté l’avion !, qui est sorti un an plus tard. Rappelons que dans ce véritable classique des Fêtes, le petit Kevin (Macaulay Culkin) piège des cambrioleurs dans la maison familiale.
Tokyo Godfathers
Les films de Noël qui se retrouvent sur nos écrans sont généralement américains, français ou, dans certains cas, québécois. Mais, rarement, des films asiatiques — encore moins d’animation — deviennent-ils aussi populaires ici.
Tokyo Godfathers (Satoshi Kon, 2003) relate les aventures d’un excentrique trio de sans-abri qui, après avoir assisté à une crèche vivante, la veille de Noël, trouve un bébé au milieu des ordures. La triade décide alors de retrouver la mère du nouveau-né qu’ils appellent « enfant pur ».

Le film fait référence à des récits bibliques, alors qu’en réalité, peu de Japonais fêtent Noël pour des raisons religieuses. La fête y demeure généralement essentiellement commerciale. Tokyo Godfathers représente donc aussi abondamment des disparités sociales, ainsi que l’omniprésence de l’affichage publicitaire dans la ville de Tokyo couverte de neige.
Satoshi Kon assume le caractère invraisemblable, voire le réalisme magique, de plusieurs scènes du film, qui lui donnent des airs de sombre conte de Noël. Il critique la pression sociale associée aux structures familiales traditionnelles et représente des thématiques inédites pour le cinéma des Fêtes, telles que l’alcoolisme et la transidentité.
Presque 20 ans après sa sortie, Tokyo Godfathers continue de séduire les cinéphiles de tous âges, partout dans le monde. Le cinéma Moderne le présentera d’ailleurs le 2 janvier prochain.