Le meilleur de l’ailleurs au grand écran

Déborah Lukumuena et Gérard Depardieu dans le film «Robuste».
Photo: K-Films Amérique/AZ films Déborah Lukumuena et Gérard Depardieu dans le film «Robuste».

Le retour « global » du Festival des films du monde fin août-début septembre en a surpris plus d’un. À une époque lointaine, le FFM donnait le coup d’envoi à une saison automnale riche en découvertes. L’événement récent nous a rappelé à quel point le paysage cinéphilique avait changé.

Après deux ans de pandémie, ne faudrait-il pas parler de transformation radicale ? Les craintes sanitaires persistent, mais si plusieurs n’ont pas hésité à affronter les aéroports bondés pour aller ailleurs, bien des spectateurs sont aussi prêts à s’entasser dans les salles de cinéma pour en faire autant, autrement. Et nul besoin de l’application ArriveCan à la sortie des salles.

Direction Asie

 

Plusieurs ont découvert le dynamisme culturel de la Corée du Sud en se trémoussant sur Gangnam Style ou en regardant avec effroi la série Squid Game. Tout comme Bong Joon-ho (Parasite), Park Chan-wook (Old Boy, Stoker) représente son pays de brillante façon sur la planète cinéma grâce à une succession de films percutants. Dans Décision de partir (21 octobre), il entremêle une histoire d’amour complexe à une intrigue policière tordue, le tout dans un style visuel n’appartenant qu’à lui.

Après sa parenthèse française (La vérité), le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda (Une affaire de famille) explore une fois de plus la complexité des liens du sang et la profondeur des bassesses humaines.

 

Dans Les bonnes étoiles (7 octobre), la vente d’un bébé par deux criminels à un couple ayant les moyens de cette transaction douteuse devient le prétexte d’une autre radiographie implacable d’une société ayant perdu ses repères moraux.

Vive la France !

Autrefois puissance dominante sur nos écrans une fois l’été terminé, le cinéma français occupe encore sa place, même si la production annuelle a légèrement fléchi — ainsi que la majorité des budgets, ce dont se plaignent amèrement les cinéastes de l’Hexagone.

Claire Denis, elle, ne semble pas en souffrir. Prolifique, inspirée et toujours étonnante (Un beau soleil intérieur, High Life et récemment Avec amour et acharnement), elle s’aventure cette fois au Nicaragua en compagnie de l’actrice Margaret Qualley (My Salinger Year) pour nous offrir une véritable liaison dangereuse dans Des étoiles à midi (14 octobre).

Du danger, il y en aura aussi avec Michel Hazanavicius, le réalisateur de L’artiste, qui retrouve une drôlerie qu’il avait un peu perdue ces dernières années. Bien qu’il cède lui aussi à la mode des zombies, les siens nous feront surtout rigoler dans Coupez ! (7 octobre), une comédie qui illustre les dessous d’un tournage où le sang va gicler et les esprits, s’échauffer.

Que serait le cinéma français sans l’omniprésence de Gérard Depardieu ? Le voilà dans une posture pleine d’autodérision dans Robuste (23 septembre), de Constance Meyer, qui lui a offert le rôle d’une star de cinéma grincheuse, capricieuse et à la mine basse. Parions qu’il n’a pas puisé très loin les motivations psychologiques de son personnage…

Les craintes sanitaires persistent, mais si plusieurs n’ont pas hésité à affronter les aéroports bondés pour aller ailleurs, bien des spectateurs sont aussi prêts à s’entasser dans les salles de cinéma pour en faire autant, autrement. 

Olivier Dahan n’a guère frappé l’imaginaire depuis La Môme, mais avec Simone, le voyage du siècle (23 décembre), il ne pouvait arriver à un meilleur moment pour raconter l’histoire de cette politicienne courageuse, figure d’exception, brisée par la Deuxième Guerre mondiale mais confiante devant la construction de l’Europe. Elsa Zylberstein a la lourde tâche d’incarner Simone Veil, cette icône dont une loi de 1975 sur la dépénalisation de l’avortement porte le nom.

Pour les enfants qui rêvent déjà de Noël, de beaux cadeaux sont annoncés. On verra le retour du Petit Nicolas dans Le Petit Nicolas. Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? (23 décembre), d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, précédé d’Ernest et Célestine. Le voyage en Charabie (16 décembre), de Julien Chheng et Jean-Christophe Roger.

Filmer à l’anglaise

Le chanteur Harry Styles, autrefois du groupe One Direction, se plaît à cultiver une ambiguïté sexuelle, et celle-ci devrait bien lui servir dans My Policeman (21 octobre), de Michael Grandage.

À une époque et au sein d’une société britannique où il valait mieux se marier plutôt que d’afficher son homosexualité, les mensonges finissent par avoir un prix, et se paient parfois pendant de longues décennies.

Tom (l’unique Timothy Spall), lui, est en fin de parcours, et il décide d’accomplir un ultime voyage après la mort de sa conjointe.

Particularité de taille : il n’utilise que les autobus, voyageant très léger, traînant aussi sa gueule de veuf désespéré, dans The Last Bus (2 décembre), de Gillies MacKinnon.

Ailleurs en Europe

 

Qu’ont en commun un musée d’art contemporain et une croisière de luxe ? Les deux sont passés à la moulinette du cinéaste suédois Ruben Östlund, qui a récolté chaque fois la Palme d’or, d’abord pour The Square et cette année pour Triangle of Sadness (14 octobre).

Cet autre portrait au vitriol écorche cette fois les membres du 1 % de même que la race des influenceurs. Plaisirs féroces garantis. Surpoids et cour d’école font rarement bon ménage. L’Espagnole Carlota Pereda avait déjà exploré le sujet dans un court métrage. Elle le revisite dans Piggy (14 octobre), la trajectoire parfois sanguinaire d’une adolescente à la croisée des chemins, surtout devant ses intimidatrices



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