Cinéma américain, ou le bal des actrices

Carey Mulligan, ici avec Zoe Kazan, tient la vedette du très attendu «She Said», de Maria Schrader, qui relate l’enquête menée par deux femmes journalistes au sujet d’allégations de crimes à caractère sexuel visant le magnat du cinéma Harvey Weinstein.
Photo: Universal Pictures Carey Mulligan, ici avec Zoe Kazan, tient la vedette du très attendu «She Said», de Maria Schrader, qui relate l’enquête menée par deux femmes journalistes au sujet d’allégations de crimes à caractère sexuel visant le magnat du cinéma Harvey Weinstein.

Par l’expression « bellesaison », on désigne généralement l’été, pour son surcroît de chaleur et d’ensoleillement. Or, pour ce qui est du cinéma américain, il s’agirait plutôt de l’automne. En effet, tandis que les arbres se colorent d’ocre et de rouge, Hollywood sort ses morceaux de choix. En douce s’amorce alors le marathon des remises de prix, qui culmine avec les Oscar. Cette année ne fait pas exception.

S’il est à ce stade trop tôt pour s’avancer en matière de favoris, un premier constat s’impose néanmoins. De fait, s’il est une certitude qui se dégage en matière de cinéma américain, c’est que l’on risque fort d’assister à un embouteillage dans la catégorie de l’Oscar pour la meilleure interprétation féminine.

À cet égard, les noms de Carey Mulligan, Jessica Chastain, Viola Davis, Ana de Armas, Florence Pugh, Sigourney Weaver et Jennifer Lawrence pourraient rapidement s’imposer. Carey Mulligan tient la vedette du très attendu She Said, de Maria Schrader, qui relate l’enquête menée par deux femmes journalistes au sujet d’allégations de crimes à caractère sexuel visant le magnat du cinéma Harvey Weinstein. On connaît la suite. De la star de Promising Young Woman, on n’attend rien de moins qu’un film coup-de-poing (18 novembre).

Idem pour ce qui est de Jessica Chastain (lauréate de l’Oscar l’an dernier pour The Eyes of Tammy Faye) avec le suspense hospitalier The Good Nurse. Réalisé par Tobias Lindholm, scénariste des succès danois La chasse et Alcootest, le film relate la traque du tueur en série Charles Cullen du point de vue d’une consoeur infirmière jouée par Chastain (fin 2022).

La toujours fabuleuse Viola Davis incarne pour sa part le rôle-titre dans le film The Woman King, de Gina Prince-Bythewood, sur une femme qui mène une faction de femmes guerrières, l’Agojie, dans le royaume de Dahomey, aujourd’hui le Bénin (16 septembre).

Photo: Netflix Adrien Brody et Ana de Armas dans le film «Blonde».

Dans Blonde, Ana de Armas fait revivre nulle autre que Marilyn Monroe. Virale, la bande-annonce du film d’Andrew Dominik laisse présager le meilleur (23 septembre).

Doublés de Pugh et de Weaver

 

Quant à Florence Pugh, sa collaboration avec la réalisatrice et actrice Olivia Wilde pour Don’t Worry Darling suscite la curiosité depuis des mois. Certes, l’idylle à la ville entre la cinéaste et sa vedette masculine, Harry Styles, y est pour quelque chose, mais le film, dans lequel une jeune épouse modèle des années 1950 en vient à trouver suspecte l’apparente perfection de sa communauté, est très intrigant. En l’occurrence, 2022 sera une année phare tant pour Pugh que pour Styles, la première étant aussi la vedette de The Wonder et le second, de My Policeman, deux productions britanniques (voir notre texte sur le cinéma international).

Photo: Universal Pictures Kevin Kline et Sigourney Weaver dans le film «The Good House».

Doublé, également, pour Sigourney Weaver : dans The Good House de Maya Forbes et Wally Wolodarsky(30 septembre), elle est une courtière immobilière qui renoue avec un ancien amant joué par Kevin Kline (son partenaire dans The Ice Storm), et dans Call Jane de Phyllis Nagy (28 octobre), elle vient en aide au personnage d’Elizabeth Banks, une épouse désirant avorter dans un contexte où la chose est illégale. Campé dans les années 1960, ce second film est tristement actuel.

Enfin, Jennifer Lawrence, gagnante de l’Oscar de la meilleure actrice pour Silver Lining Playbook (Le bon côté des choses), revient en force avec le drame Causeway réalisé par Lila Neugebauer, après la puissante, et cinglante, satire Don’t Look Up. Productrice du film, Lawrence incarne une soldate qui, après avoir subi un important traumatisme crânien en Afghanistan, peine à se réacclimater à la vie normale (fin 2022).

Une autre comédienne dont on entendra énormément parler est Kate Winslet, puisqu’elle trône au générique d’Avatar: The Way of Water, de James Cameron, aussi réalisateur de Titanic, faut-il le rappeler. On en sait à la fois beaucoup et très peu sur le deuxième des cinq volets de l’ambitieuse saga de science-fiction écologique. Une chose est sûre, Cameron promet une expérience immersive épique (16 décembre).

Le bal de l’horreur

Souvent fertile en rôles féminins étoffés, mais trouvant rarement grâce aux yeux des instances qui remettent des prix d’interprétation, le cinéma d’horreur devrait donner à voir au moins deux beaux numéros d’actrices. Il y a d’abord Mia Goth qui, après avoir livré non pas une, mais deux performances mémorables dans l’excellent X, de Ti West, revient dans l’antépisode Pearl, tourné en même temps (16 septembre). Avec Halloween Ends de David Gordon Green, Jamie Lee Curtis (à qui l’on souhaite l’Oscar du meilleur rôle de soutien pour Everything Everywhere All at Once) devrait de son côté clore la saga amorcée en 1978 avec un ultime face-à-face entre Laurie Strode et l’increvable Michael Myers (14 octobre).

-

Il ne faudrait surtout pas oublier Julia Roberts qui, dans Ticket for Paradise, en plus de retrouver son vieil ami George Clooney (la saga Ocean), renoue avec la comédie romantique, ici signée Ol Parker. Oui, on a très hâte (21 octobre).

Amours gais et superhéros

 

Chez ces messieurs, rares sont les productions hollywoodiennes centrées sur eux à susciter un réel intérêt (pour cela, il faut regarder du côté de la Grande-Bretagne). Parmi les exceptions, se distingue Bros, une production de Judd Apatow présentée, à tort, comme la première comédie romantique gaie émanant d’un grand studio. Love, Simon et le récent Fire Island étaient là avant, mais Bros n’en paraît pas moins prometteur (30 septembre).

Dans un registre plus cinéphile, on est impatient de découvrir White Noise, du chouchou Noah Baumbach, avec Adam Driver, mais aussi l’actrice et réalisatrice Greta Gerwig (avec qui Baumbach forme un couple à la ville). Récit satirico-apocalyptique, il s’agit d’une adaptation du roman culte de Don DeLillo (fin 2022).

Bien entendu, films de superhéros il y aura. Chez DC, le réalisateur Jaume Collet-Serra s’est assuré les services de l’ultrapopulaire Dwayne Johnson pour jouer Black Adam, un antihéros dont, à en juger par les échos, la nature de « faux méchant » cache peut-être celle d’un « vrai gentil » (21 octobre).

En ce qui a trait au concurrent Marvel, ce sera au tour de Black Panther de rempiler dans Black Panther : Wakanda Forever réalisé par Ryan Coogler. En l’absence du regretté Chadwick Boseman, toutefois, le mystère plane sur l’identité du successeur ou de la successeure. Letitia Wright, alias la savante Shuri, était donnée favorite, mais ses prises de position en matière de vaccination sont venues brouiller les cartes — chez Disney, on a habituellement horreur de la controverse (11 novembre).

Photo: Apple TV+ Jennifer Lawrence dans le film «Causeway».


À voir en vidéo