«Uncoupled»: un «Sex and the city» gai, mais moins grivois  

Hormis quelques répliques bien envoyées ici et là, «Uncoupled» manque quelque peu de mordant. Les nostalgiques de «Sex and the City» resteront peut-être sur leur faim.
Photo: NETFLIX Hormis quelques répliques bien envoyées ici et là, «Uncoupled» manque quelque peu de mordant. Les nostalgiques de «Sex and the City» resteront peut-être sur leur faim.

Plus de vingt après la diffusion du premier épisode, Sex and the City continue d’avoir une influence considérable sur la télévision. En fait foi la plus récente sortie Netflix mettant en vedette Neil Patrick Harris, Uncoupled, qui pourrait se résumer à être une version gaie de l’iconique comédie new-yorkaise, sauf pour ce qui est de l’humour, qui s’est beaucoup assagi depuis la fin des années 1990. À l’instar de Sex and the City, Uncoupled se veut un divertissement léger, à défaut de faire dans la subtilité.

La ressemblance avec la série Sex and the City n’est pas fortuite. Uncoupled est l’oeuvre du même producteur, Darren Star, qui fait équipe pour l’occasion avec Jeffrey Richman, à qui l’on doit entre autres la comédie Modern Family.

Cette fois, Carrie Bradshaw s’appelle Michael Lawson (Neil Patrick Harris), un prospère courtier immobilier de Manhattan qui, du jour au lendemain, se fait plaquer par son conjoint des 17 dernières années, accessoirement un riche investisseur de Wall Street. La monogamie l’ayant tenu à l’écart pendant de longues années des tribulations du monde gai new-yorkais et de l’hédonisme qui le caractérise, il se retrouve à l’approche de la cinquantaine plongé dans un milieu dont il ne reconnaît plus les codes. À mille lieues de celui qu’il connaissait au temps où il dansait jusqu’à pas d’heure dans les boîtes de nuit de Greenwich Village sur les chansons de Cher et de Madonna.

Le protagoniste ignore presque tout des applications de rencontres ou de la PreP, ce médicament miracle qui réduit considérablement le risque d’infection au VIH et qui en pousse certains à abandonner le condom. Pour y voir plus clair, Michael peut au moins compter sur ses amis de longue date, Billy (Emerson Brooks) et Stanley (Brooks Ashmanskas), tous deux des célibataires endurcis.

Le premier, présentateur météo à la télévision, correspond à l’archétype du « gaypard », le pendant gai de la cougar, terme péjoratif pour désigner les femmes attirées par les hommes plus jeunes. Superficiel et narcissique, Billy est un indomptable séducteur qui multiplie les relations sans lendemain et qui tente par tous les moyens de rester dans le coup malgré le passage du temps qui se fait sentir. Stanley, lui, incarne au contraire cet homosexuel d’âge mûr complètement déclassé, victime de son physique ingrat dans un monde gai marqué par le jeunisme. Érudit et attentionné, ce marchand d’art accompli accumule pourtant les échecs amoureux, ce qui le rend vulnérable aux manipulateurs et aux intrigants.

Un humour assez sage

 

Ce trio d’amis aussi différents que complémentaires occupe une place centrale dans la série, à l’image du quatuor d’origine dans Sex and the City. Dans Uncoupled, Michael peut aussi s’appuyer sur sa partenaire d’affaires Suzanne (Tisha Campbell), l’un des seuls personnages principaux de la série qui ne soient pas gais. Cette présence permet sans doute de raccrocher un public hétérosexuel, qui pourrait ne pas saisir certaines allusions au poppers ou à Grindr.

Hormis quelques répliques bien envoyées ici et là, Uncoupled manque quelque peu de mordant. Les nostalgiques de Sex and the City resteront peut-être sur leur faim. Autrement, on peut faire à peu près les mêmes reproches aux deux séries : des intrigues surjouées, des personnages privilégiés qui évoluent tous au sein du même microcosme new-yorkais. Dans leur chic appartement de Manhattan, les personnages d’Uncoupled appartiennent à cette classe sociale peu préoccupée par la surenchère immobilière et l’inflation galopante qui plombent pourtant la Grosse Pomme.

On constatera toutefois un effort en matière de diversité culturelle, là où Sex and the City avait essuyé nombre de critiques à l’époque. Comme quoi les temps ont changé en plus de 20 ans. Et pour cause, il aurait été impensable à la fin des années 1990 pour un grand diffuseur de miser sur une série dont la prémisse est la séparation d’un couple gai.

Uncoupled

Les huit épisodes de la première saison seront diffusés sur Netflix à partir du 29 juillet

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