«Confessions», dans la tête de Gérald Gallant

«J’ai rencontré quelqu’un dans le milieu de la criminalité, qui m’a été  très utile pour comprendre ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui va commettre un crime», explique l’acteur et cinéaste Luc Picard, qui retient aussi de ces discussions atypiques certains côtés plus techniques.
Photo: Julien Cadena Le Devoir «J’ai rencontré quelqu’un dans le milieu de la criminalité, qui m’a été  très utile pour comprendre ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui va commettre un crime», explique l’acteur et cinéaste Luc Picard, qui retient aussi de ces discussions atypiques certains côtés plus techniques.

Gérald Gallant a commis 28 meurtres et 15 attentats. Il est l’un des plus grands tueurs à gages du Canada, mais n’hésite pas à dénoncer ses pairs pour sauver sa peau. « Gallant a tué deux personnes dans le restaurant de quelqu’un que je connaissais, et c’est à ce moment que j’ai commencé à m’y intéresser », se souvient Luc Picard, réalisateur et premier rôle du long métrage adapté du livre Gallant. Confessions d’un tueur à gages de Félix Séguin et Eric Thibault.

Quelques décennies plus tard, le cinéaste a immédiatement accepté lorsqu’on lui a demandé de réaliser le projet écrit par le scénariste habitué à l’univers du crime organisé, Sylvain Guy. « Après Mafia Inc, j’avais envie d’un film plus intime. Je me suis vraiment retrouvé dans la tête de Gérald Gallant, lors d’un processus de création très instinctif, dit-il. J’ai pensé le film comme quelqu’un qui se remémore sa vie. Le personnage se confie beaucoup, et essaie de justifier ses actions. On ne sait jamais trop quand il ment. »

Afin de retranscrire au mieux la personnalité très complexe de Gallant, Luc Picard et Sylvain Guy ont d’ailleurs plongé tête première dans le grand banditisme. « J’ai rencontré quelqu’un dans le milieu de la criminalité, qui m’a été très utile pour comprendre ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui va commettre un crime », explique le scénariste, qui retient aussi de ces discussions atypiques certains côtés plus techniques. Comme la façon de tenir une arme, de se préparer ou encore de ne pas laisser de trace. Et de poursuivre : « Malgré tout, Gérald Gallant opérait de manière très différente. Son don était son invisibilité qui est rapidement devenue son problème dans la vie, car il n’a jamais pu entretenir de vraies relations. Dès qu’il s’attachait trop, ça ne marchait pas. Il devient absolument seul au fil du récit. »

Gérald Gallant a un côté charmeur, poursuit-il, « il n’a pas de charisme, mais il a l’air d’un bon gars. C’est notamment ce qui m’a attiré dans le projet ».

Parmi les quelques relations qui ont ponctué la vie de Gérald Gallant, il y a notamment sa maîtresse, interprétée par Sandrine Bisson dans Confessions. « Il est difficile de jouer quelqu’un qui tombe en amour avec un tueur, admet la comédienne. Pour me préparer à mon rôle, je me suis renseignée sur les personnes qui sont attirées par celles et ceux qui ont des comportements excessifs, comme les rockeurs. »

Photo: Les Films Opale Une scène du film

Sandrine Bisson croit également que le secret peut parfois préserver l’amour. « Il y a un côté intrigant dans le couple formé par Jocelyne et Gérald, quelque chose de plus grand qu’eux, avec un goût pour la liberté. Et je me suis amusée là-dedans », précise-t-elle. Pour elle, on ne peut pas aimer Gérald Gallant, qui semble n’avoir aucune émotion et être complètement brisé, mais on peut aimer Luc Picard.

Une personnalité insaisissable

 

Justement, en se lançant dans l’aventure de Confessions, Luc Picard n’avait qu’une seule requête : celle de tenir le rôle principal, un rôle de composition. « Bien avant que le film ne soit financé, j’ai commencé à regarder les interrogatoires de Gérald Gallant avec la police, puis j’ai essayé de trouver la respiration de son bégaiement, sa voix, sa bonhomie aussi, et à m’entraîner devant un miroir. Et puis ton bonhomme finit par t’attraper », indique-t-il. Luc Picard a aussi été stupéfait de voir à quel point Gérald Gallant ne laisse jamais rien paraître de ses émotions et qu’il croit dur comme fer à ses propres mensonges. « On dirait qu’il n’y a rien en dessous de la surface. Son amabilité ne correspond pas du tout au tueur qu’il est, capable d’abattre quelqu’un de sang-froid. Il était même capable d’aller manger au restaurant après un assassinat. »

« Il manque vraiment quelque chose à Gérald Gallant », ajoute Luc Picard. Selon lui, le plus grand défi de Confessions a sans aucun doute été le jeu d’équilibre entre la quasi-bienveillance que dégage le personnage principal et l’abjection dont il fait preuve. « Il finit par faire presque pitié. Gérald Gallant a été rejeté toute sa vie et il devient soudainement important pour des gens, ceux du crimeorganisé ». C’est donc avec cet aspect que Picard tente d’intéresser le public, alors que le criminel n’a ni intérêt ni superbe. « À la fin, chacun se rend compte que Gérald Gallant n’est rien d’autre qu’un tueur. Je pense que l’on condamne bien le personnage », estime-t-il enfin.

Confessions prendra l’affiche le 20 juillet.

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