Quarante ans de Rendez-vous Québec Cinéma

Sylvie Quenneville
Vivien Gaumand Sylvie Quenneville

Les Rendez-vous Québec Cinéma (RVQC) s’ouvrent mercredi avec la première du film Noémie dit oui, de Geneviève Albert. Or, lorsqu’on demande à Sylvie Quenneville, la nouvelle directrice générale de Québec cinéma, qui chapeaute l’événement, s’il est intimidant d’entrer en fonction l’année où les RVQC célèbrent leurs 40 ans, la principale intéressée éclate de rire. « Sans parler de la pandémie », renchérit-elle. C’est ce qu’on appelle un baptême du feu. Loin de lui donner le vertige, ce contexte particulier stimule Sylvie Quenneville, qui carbure aux défis.

« Je ressens tout cet héritage, tout ce qui a été fait avant moi… Je veux bien représenter ce quarantième-là. Je porte cette responsabilité. Je veux être à la hauteur, et dans la continuité, de ce qui a été fait jusqu’à présent. C’est un peu ça qui a fait en sorte qu’on a déplacé l’événement, qui se tient d’habitude en février. Un peu avant les Fêtes, cette autre urgence COVID qu’on n’a pas vue venir, nous a poussés à réfléchir. Voulait-on offrir un événement virtuel ? Très vite, je me suis dit que, non, il était impossible que le quarantième se déroule autrement qu’avec les gens sur place. Les Rendez-vous, c’est la rencontre ; c’est l’ADN de l’événement. D’où le pari de le déplacer en avril. »

Fondés en 1982, les Rendez-vous du cinéma québécois, devenus en 2018 les Rendez-vous Québec Cinéma, offrent en effet aux cinéphiles l’occasion de découvrir ou de redécouvrir les productions de l’année écoulée, mais également d’assister à diverses conférences et autres leçons de cinéma auxquelles se prêtent chaque année, de bon gré, une kyrielle d’invités de marque (voir nos suggestions dans les encadrés en B3).

Lieu d’échange indispensable

Pour les gens du milieu, les RVQC sont aussi un moment précieux de retrouvailles ; un indispensable lieu d’échange et de discussion.

« C’est devenu un espace de réflexion et de mise en commun de talents entre cinéastes établis et émergents, confirme Sylvie Quenneville. Les rencontres sont aussi importantes que la programmation de films. On voit les films, puis on peut discuter avec leurs artisans : c’est ce qui fait qu’on peut avoir une compréhension à 360 degrés de notre cinéma. »

Selon Sylvie Quenneville, les RVQC se sont beaucoup développés, ont pris de l’ampleur. « Mais toujours avec cette vision du rayonnement du cinéma québécois, note-t-elle. En se joignant à Québec Cinéma, les Rendez-vous ont grossi tout en s’associant à d’autres marques, et ça, je trouve ça intelligent. »

C’est devenu un espace de réflexion et de mise en commun de talents entre cinéastes établis et émergents. Les rencontres sont aussi importantes que la programmation de films.

 

Milieu instable

Ces dernières années, il y a eu du mouvement au sein des RVQC, ce dont Sylvie Quenneville est bien consciente. « C’est certain que j’aspire à instaurer une stabilité au sein des postes clés. Mais la pandémie et la crise de la main-d’œuvre nous ont touchés, nous aussi, c’est certain. »

Surtout, Sylvie Quenneville a pour objectif de mettre son expertise et sa passion au service du cinéma québécois.

 

« Je suis habitée par le désir de rendre notre cinéma accessible : je veux qu’il soit vu. En arrivant en poste, je me suis demandé ce que je pouvais faire en ce sens. J’ai eu cette idée d’amener Québec Cinéma au cœur du Quartier des spectacles. J’ai négocié cette entente-là afin qu’on ait cette nouvelle vitrine. Déjà, je sens que ça amène l’organisme ailleurs ; je vois le potentiel. L’amour de notre cinéma, de notre culture, ce sont des valeurs fondamentales pour moi. »

Les Rendez-vous Québec Cinéma se déroulent du 20 au 30 avril. Infos à rendez-vous.quebeccinema.ca. 

Films à voir ou à revoir

305 Bellechasse, de Maxime-Claude L’Écuyer : une plongée dans le processus créatif par l’entremise d’un immeuble abritant des ateliers d’artiste

À plein temps, d’Éric Gravel : portrait d’une jeune femme harassée, ou la conciliation irréconciliable.

Beans, de Tracey Deer : retour intimiste et poignant sur la crise d’Oka à partir des souvenirs d’enfance de la cinéaste.

La contemplation du mystère, d’Albéric Aurtenèche : on voudrait voir produits davantage de beaux risques comme cette « fable mystique, western contemplatif, thriller hallucinatoire ».

Dune, de Denis Villeneuve : un grand film de science-fiction par un grand cinéaste doit être vu sur grand écran.

Les oiseaux ivres, d’Ivan Grbovic : un travailleur migrant en quête d’un amour perdu bouleverse sans le vouloir la vie de ses employeurs.

Souterrain, de Sophie Dupuis : le monde minier comme si vous y étiez, à la fois suspense et étude hors clichés de la masculinité.

Très belle journée, de Patrice Laliberté : un coursier à vélo est rattrapé par ses accointances interlopes dans ce film tourné avec un téléphone.


Activités en vrac

Hommage à Jean-Claude Lauzon : table ronde sur le legs du cinéaste décédé il y a 25 ans et projections d’Un zoo la nuit et de Léolo.

 

Hommage à Jean-Marc Vallée : joute spéciale de la LNI avec improvisations inspirées de l’oeuvre du cinéaste fauché trop tôt.

 

Hommage à Danic Champoux : une table ronde consacrée au documentariste disparu en février dernier.

 

Table ronde « Le cinéma autochtone au fil du temps » : Isabelle Picard anime une discussion à laquelle participeront Alanis Obomsawin, Sonia Bonspille Boileau, Caroline Monnet et Jason Brennan.

 

Gala Prix Prends ça court ! : l’indispensable fête du court métrage québécois s’enrichit cette année d’un prix Coup de coeur Denis Villeneuve.



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