Michel Côté en 5 films marquants

La nouvelle est tombée jeudi, en début d’après-midi : victime d’une maladie de la moelle osseuse, le comédien Michel Côté se retire de la vie publique. Le milieu tant que le public est sonné. Et pour cause. Outre ses succès sur scène et à la télévision, de Broue à Omertà, Michel Côté aura été, durant les quatre décennies qu’a duré sa carrière, l’un des acteurs les plus populaires du cinéma québécois. Retour sur cinq films marquants.
Mise à jour (29/05/2023)
Michel Côté, un des acteurs les plus aimés du Québec, s’est éteintAu clair de la lune, d’André Forcier, 1983
Dans ses débuts au grand écran, Michel Côté frappa d’emblée l’imaginaire dans le rôle de Frank, un albinos noctambule qui, flanqué d’un ancien champion de quilles, se languit d’un eldorado chimérique.
Empreint de poésie et de surréalisme, Au clair de la lune est l’un des films les plus caractéristiques — et les plus beaux — d’André Forcier. Ce dernier redirigera le comédien dans son formidable Le vent du Wyoming.
Cruising bar, de Robert Ménard, 1989
Tout n’a pas bien vieilli dans cette « grosse » comédie, mais Michel Côté y donne indéniablement une leçon de jeu dans quatre rôles contrastés, soit autant d’hommes qui écument les bars en quête d’amour ou de sexe.
Impossible de ne pas avoir un pincement devant les déconvenues successives du maladivement timide Serge ; de ne pas rire de contentement lorsque « la divine » (Louise Marleau, qui d’autre ?) balance au pédant Jean-Jacques que « ça se soigne, ta maladie, bite molle » ; de ne pas pouffer en entendant l’orgasme tonitruant — et soutenu — de Pauline Lapointe ; de ne pas être troublé (si, si) lorsque Gérard, l’infidèle chronique, comprend qu’il vient de perdre sa femme (jouée par Véronique Le Flaguais, conjointe de l’acteur à la ville).
Le premier de plusieurs films de l’acteur à avoir fracassé le box-office.
C.R.A.Z.Y., de Jean-Marc Vallée, 2005
Dix ans après le succès surprise du thriller Liste noire, Michel Côté retrouva le regretté cinéaste Jean-Marc Vallée pour ce qui allait devenir l’un des plus mémorables triomphes critiques et populaires de l’histoire du cinéma québécois.
Film phénomène, C.R.A.Z.Y. offrit ce qui demeure sans conteste la partition la plus émouvante de Michel Côté, inoubliable en père dont les valeurs conservatrices sont en contradiction avec son amour sincère pour le quatrième de ses cinq fils (Marc-André Grondin), qui est gai.
Ce faisant, Jean-Marc Vallée raconte le Québec des années 1970 avec un mélange parfait de nostalgie et d’acuité. Cela, avec le brio technique qu’il peaufina ensuite à Hollywood.
Quant à Michel Côté, il reçut pour ce rôle le prix d’interprétation aux Iris (alors Jutra) et aux Écrans canadiens (alors Génie).
De père en flic, d’Émile Gaudreault, 2009
Avec des recettes de près de neuf millions de dollars, cette comédie policière truffée de répliques savoureuses est l’un des deux seuls films québécois, avec Bon cop, bad cop (Érik Canuel, 2006), autre comédie policière, à figurer dans le palmarès des 10 principaux succès de box-office au Québec, où ne trônent sinon que des superproductions hollywoodiennes. La vedette et l’humoriste Louis-José Houde font des flammèches en duo de policiers père-fils aux tempéraments opposés.

Piché entre ciel et terre, de Sylvain Archambault, 2010
Michel Côté trouva un autre rôle marquant en la personne du commandant Robert Piché, qui, en 2001, sauva les 306 personnes présentes à bord de son vol en réussissant un atterrissage d’urgence héroïque.
Or, pour le pilote québécois, avec la renommée vint la mise au jour d’importants problèmes personnels, dont l’alcoolisme.
À noter que lors de séquences campées dans le passé, c’est le fils de Michel Côté, l’acteur Maxime Le Flaguais, qui joue Piché. Le film fut le champion aux guichets l’année de sa sortie. En 2013, Michel Côté se vit décerner par Québec Cinéma un prix hommage pour l’ensemble de sa carrière.