Les flâneuses


Impérissable Joan Didion
Il y a dans les mots de l’autrice et reporter Joan Didion une intelligence vive qui éclaire l’expérience humaine bien au-delà d’un espace-temps, le sien, qui a abruptement pris fin avec sa mort, en décembre dernier. Revisiter ses précieux Why I Write et The Year of Magical Thinkingest une excellente façon de garder vivante la petite musique entêtante de cette figure de proue de la littérature du réel. On peut aussi l’entendre se raconter, à différents âges, dans le pénétrant documentaire Joan Didion : The Center Will Not Hold, que Netflix a ressorti de ses tiroirs.

Le soleil d’Algérie
« Peut-être que les peintres abstraits font des rêves abstraits », écrit Evelyne de la Chenelière dans sa pièce de révolte et de mensonges Le traitement de la nuit. Il est toujours intéressant de lire le théâtre avant de le voir s’incarner. Publié chez Les herbes rouges, le diptyque À cause du soleil et Le traitement de la nuit nous convie à imaginer notre propre mise en scène. Deux pièces chargées de grands dialogues, de rêves, de perceptions qui craquent. Dans À cause du soleil, l’autrice revisite l’univers de L’étranger, de Camus, avec cette chaleur qui pousse Meursault à tuer l’Arabe sans nom. L’assassin et les autres se font leur cinéma pour justifier leurs actes et tenter, en vain, de trouver quelques raisons d’espérer. Ces sensations nous hantent avec les ombres de leur nuit.

Agréables retrouvailles
Le retour des héroïnes de Sex and the City, désormais quinquagénaires, un brin dépassées par les tendances de l’époque et toujours aussi privilégiées, ne nous disait trop rien, après deux films particulièrement navrants. Les retrouvailles, à contrecœur, se sont révélées plus heureuses que prévu, malgré une volonté trop marquée de réparer les lacunes en matière de diversité. Il fait bon de renouer avec Miranda, Charlotte, Carrie (et même un peu avec Samantha), avec leurs nouvelles insécurités et fragilités, et de les découvrir dans un registre plus dramatique qui leur sied très bien. Sur Crave.

Ça fait boom !
Ce n’est pas la destination qui compte, mais le chemin. Jonathan Larson n’aura jamais su qu’il allait changer la face du théâtre musical en composant le mégasuccès Rent, mais il savait qu’il en empruntait le sentier. Le film musical Tik Tok Boom, réalisé par le créateur d’Hamilton, Lin-Manuel Miranda, suit Larson à New York alors qu’il bataille pour faire sa place dans le monde de la comédie musicale. On y sent l’enthousiasme de Miranda pour son sujet, celui d’Andrew Garfield, qui l’interprète, comme celui des personnages secondaires, directions musicale et photo à l’avenant. Et on s’enthousiasme aussi.