«Mon garçon»: Canet tel qu’en Neeson

Le film Mon garçon démarre de manière intrigante. À peine le générique terminé, et toujours plongé dans un noir ô combien symbolique, le spectateur entend un bruit étouffé. Il s’agit d’une voix, celle d’une femme. En sanglots, elle peine à parler. Apparaît à l’image, au volant de sa voiture, un homme qui, sous des dehors stoïques, est visiblement inquiet. Le voici qui débarque devant un grand chalet dans le massif du Vercors. Policiers, cordons de sécurité… C’est que, la nuit dernière, son fils Mathys s’est volatilisé lors d’une classe de neige.

La prémisse de Mon garçon suscite d’office une réaction viscérale, que l’on soit ou non parent. Enfant, on a tous eu droit au laïus concernant ces inconnus à qui il ne fallait pas parler sous peine d’être possiblement enlevé. Vision de terreur. Le film s’avère en cela habile à jouer sur des cordes sensibles, et ce, en déployant le minimum d’efforts et d’effets. Du moins, pendant un moment.

Ainsi les deux tiers du récit sont-ils consacrés au calvaire de ce père, Julien, qui est en l’occurrence seulement de passage en France. Graduellement, on comprend qu’il est en constant déplacement professionnel et que depuis son divorce d’avec Marie, il n’a guère vu leur fils de sept ans. À l’incertitude quant au sort du petit Mathys s’ajoute donc le sentiment de culpabilité de n’avoir pas été là. L’affrontement entre Marie et Julien est à cet égard formidable. La première, défaite mais digne face aux remontrances du second, lui rappelle qu’ils ont franchi les fatidiques 48 heures sans nouvelles avant de le recadrer en quelques phrases ciblées.

Mélanie Laurent, en une poignée de scènes, compose un personnage entier. Le film appartient toutefois vraiment à Guillaume Canet, point de focalisation autour de qui Mon garçon est bâti. Il est excellent, tout en intériorité tendue.

Pseudo «Taken» 

Hélas, après avoir considéré d’intéressantes (fausses) pistes, telles que la nature exacte du travail de Julien ou encore le nouveau conjoint de Marie pas très accablé et tout heureux de vaquer à ses plans de rénovation, survient ce troisième acte lors duquel on se retrouve parachuté dans un pseudo Taken (L’enlèvement) à la montagne. Lancé sur la piste de son enfant, Julien se révèle sans crier gare un digne héritier de Liam Neeson.

Ce volet n’est absolument pas crédible en dépit des vaillants efforts de Canet. Ceci, pour deux raisons principales.

D’une part, le protagoniste arrive beaucoup trop facilement à ses fins. D’autre part, le film n’est pas à la hauteur de ses propres ambitions : tourné sur une période serrée de six jours dans un style se voulant hyperréaliste, avec captations vidéo filmées au moyen de téléphones en guise de souvenirs insérés çà et là, Mon garçon fait un peu cheap dès lors qu’il décide de se la jouer thriller d’action.

Réalisateur, entre autres, de la comédie dramatique Une hirondelle a fait le printemps (aussi campée dans le Vercors) et de la chronique historique Joyeux Noël, Christian Carion tente ici un virage qui, à l’évidence, ne sied guère à ses sensibilités de mise en scène.

Bref, ce qui s’amorce comme un mystère psychologique prenant se conclut comme une version fauchée d’une production générique de Luc Besson.

Mon garçon

★★

Suspense de Christian Carion. Avec Guillaume Canet et Mélanie Laurent. France, 2017, 84 minutes.

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