Ces films québécois pour lesquels on salive déjà

«La grande noirceur», ou l’épopée surréaliste d’un imitateur de Chaplin (Martin Dubreuil) lancé dans une Amérique hostile sur fond de Grande Dépression, un film de Maxime Giroux.
Photo: FunFilm «La grande noirceur», ou l’épopée surréaliste d’un imitateur de Chaplin (Martin Dubreuil) lancé dans une Amérique hostile sur fond de Grande Dépression, un film de Maxime Giroux.

Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu pareil cas de figure en cinéma québécois. Même que l’on se demande si cela s’est déjà produit. De quoi s’agit-il ? D’une manne de gros noms, à défaut d’une meilleure expression. Ainsi, bien que les saisons du froid et du redoux compteront leur lot de films de cinéastes prometteurs, telle Geneviève Dulude-De Celles, ce qui frappe d’emblée, c’est le nombre d’œuvres d’auteurs établis. Pas un mois ou presque ne s’écoulera sans qu’un nouveau Denis Côté, un nouveau Maxime Giroux, un nouveau Jennifer Alleyn, un nouveau Guy Édoin ou un nouveau François Delisle ne prenne l’affiche. Impatients, on est.

Photo: Funfilm «Une colonie», de Geneviève Dulude-De Celles, brosse le portrait d’une préadolescente en mal de repères.

Le 18 janvier, on assistera au retour attendu de la trop rare Jennifer Alleyn (L’atelier de mon père, Dix fois Dix) avec Impetus, un essai relevant du documentaire et de la fiction salué dans différents festivals. On y suit une réalisatrice (Alleyn), un ingénieur (Emmanuel Schwartz), une actrice (Pascale Bussières) et un musicien (John Reissner), chacun aux prises avec un blocage qui lui sera paradoxalement salutaire.

Le même jour, Guy Édoin (Marécages, Ville-Marie) proposera lui aussi son plus récent long métrage : Malek, histoire d’un immigrant libanais (Tewfik Jallab) qui surmonte ses traumatismes grâce à l’écoute d’une psychologue (Karine Vanasse) et à l’amour d’une femme d’origine iranienne (Hiba Abouk). D’après le roman Le cafard de Rawi Hage. On est intrigué.

Le 25, Maxime Giroux (Félix et Meira) s’amènera pour sa part avec La grande noirceur, ou l’épopée surréaliste d’un imitateur de Chaplin (Martin Dubreuil) lancé dans une Amérique hostile sur fond de Grande Dépression. Celui-là, on l’a vu et on le reverra. C’est bon comme ça.

Maître et recrues

 

Au jour du 1er février, place à la relève qu’incarne Geneviève Dulude-De Celles, dont le sensible Une colonie, retenu à Berlin, brosse le portrait tout en demi-teintes d’une préadolescente en mal de repères dans un nouvel environnement. Aussi sélectionné à Berlin, en compétition officielle par surcroît, Répertoire des villes disparues sortira le 15. Denis Côté (Curling, Vic + Flo ont vu un ours) y adapte un roman de Laurence Olivier, soit la chronique d’un village isolé en proie à de curieux phénomènes.

Photo: Lou Scamble Sélectionné à Berlin en compétition officielle, «Répertoire des villes disparues» sortira le 15 février. Denis Côté y adapte un roman de Laurence Olivier, soit la chronique d’un village isolé en proie à de curieux phénomènes.

Février se clora avec la comédie Avant qu’on explose, premier long de Rémi St-Michel sur scénario d’Eric K. Boulianne, avec jeune distribution épatante (Étienne Galloy, Will Murphy, Madani Tall, Julianne Côté, Antoine Olivier Pilon). Dans le futur immédiat, une seconde guerre froide a cours, celle-là entre la Corée du Nord et les États-Unis, dont les relations se sont envenimées. Dans sa petite ville, un adolescent craint, plus que la bombe, de périr avec sa virginité.

En familles

 

Mi-mars, après des escales entre autres à Locarno et à Rotterdam, paraîtra enfin Genèse de Philippe Lesage. Dans la continuité de son précédent Les démons, le cinéaste conte une tranche de prime jeunesse troublée, celle d’un frère (Théodore Pellerin) au collège privé et d’une sœur (Noée Abita) tiraillée entre un amoureux (Pier-Luc Funk) et un amant (Maxime Dumontier), avec fils narratifs entrelacés.

Autre récit à connotation familiale que Ca$h Nexu$, de François Delisle, prévu le 22 mars, et dans lequel Alexandre Castonguay incarne un junkie sur la brèche forcé de renouer avec les siens (François Papineau, Evelyne Brochu, Guy Thauvette).

Photo: Fragments distribution

Viendra finalement l’été, ses langueurs et ce Jeune Juliette, d’Anne Émond, dont on aura l’occasion de reparler, question de rehausser d’un cran la faible moyenne de cinéastes femmes. Quoiqu’en la matière, avec l’annonce récente du financement par la SODEC de six projets de réalisatrices contre cinq de réalisateurs, un autre attrayant cas de figure se profile à l’horizon. D’ici là, bon cinéma.

Documentaires à signaler

Des histoires inventées, de Jean-Marc E. Roy, un hommage aussi fervent qu’inventif à André Forcier, qui revisite sa filmographie entre émotion et truculence. Le 25 janvier.

Avec un sourire, la révolution !, d’Alexandre Chartrand, une exploration des lendemains du référendum de 2017 sur l’indépendance de la Catalogne. Le 1er février.

Exarcheia, le chant des oiseaux, de Nadine Gomez, une virée nocturne dans le quartier le plus politiquement engagé de toute la Grèce. Au printemps.
 

Du côté anglophone

The Hummingbird Project, de Kim Nguyen, ou lorsque deux cousins dépareillés (Jesse Eisenberg et Alexander Skarsgard) partagent un rêve commun de fibre optique révolutionnaire. Le 22 mars.

Everything Outside, de David Findlay, ou lorsqu’une comédienne dans la soixantaine (Louise Portal) voit sa quiétude compromise par l’arrivée inopinée d’un jeune inconnu (Ahmed Muslimani) dans la maison qu’elle a louée, avec à la clé une improbable amitié. Au printemps.

The Death and Life of John Donovan, de Xavier Dolan, ou la relation épistolaire entre une vedette tourmentée (Kit Harrington) et un jeune admirateur (Jacob Tremblay) voué à devenir acteur lui-même. En 2019.


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