Jacques Matte: le monde, la région au FCIAT

La nouvelle animation de Michel Ocelot, «Dilili à Paris», sera présentée en première québécoise au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.
Photo: FCIAT La nouvelle animation de Michel Ocelot, «Dilili à Paris», sera présentée en première québécoise au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.

Depuis 37 ans maintenant que chaque dernier samedi du mois d’octobre rime, à Rouyn-Noranda, avec cinéma. En effet, débute alors le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, événement cinéphile couru par un public non seulement fidèle, mais qui se renouvelle. Là-bas, les premières neiges ont déjà eu le temps de tomber puis de fondre en attendant de remettre cela au soir de l’ouverture, tradition oblige, promettant de recouvrir de blanc l’immense panache installé en surplomb du Théâtre du Cuivre, fief du FCIAT. Rencontré en amont, le directeur général, Jacques Matte, parle coups de coeur.

Une fois encore, M. Matte est content de la programmation concoctée avec ses comparses cofondateurs Louis Dallaire et Guy Parent. De tout pour tous, tel est leur credo — sans abaisser pour autant les standards de qualité de l’événement, il va sans dire.

En ouverture, on propose en première mondiale le plus récent film de Marc Bisaillon, L’amour, sur le parcours d’un jeune Québécois parti chez son père dans le Maine et qui, à l’aide d’un registre public des délinquants sexuels, décide d’appliquer sa propre justice meurtrière.

Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Jacques Matte

« On aime ouvrir avec un film québécois, et toute l’équipe sera là, mais au-delà de ça, c’est un film fort, explique Jacques Matte. Il a fait l’unanimité. Ça fesse. »

Librement inspiré de l’affaire Stephen Marshall, L’amour réunit le cinéaste et son acteur du très bon La vérité, de 2011, Pierre-Luc Lafontaine. Avec aussi Fanny Mallette et Paul Doucet.

« La mère de Stephen Marshall a tenu à assister à la présentation du film. Ça risque d’être émouvant. »

Magiciens et poètes

 

En clôture, le FCIAT présentera la nouvelle comédie de Pierre Salvadori En liberté !, sur une policière qui découvre que feu son héros de mari flic était en réalité corrompu. L’une des vedettes, Damien Bonnard, fera le voyage.

« Il a remporté l’an passé le César du meilleur espoir masculin. On est contents de le recevoir. »

Il faut dire que le Festival s’intéresse au cinéma de Salvadori depuis ses débuts. Sa muse d’alors, la regrettée Marie Trintignant, était passée par Rouyn-Noranda à l’époque de Comme elle respire…, leur ultime collaboration, il y a vingt ans pile. Beau souvenir.

Dans l’intervalle, une sélection hétéroclite de courts et longs métrages venus d’un peu partout : Dilili à Paris, dernière offrande du magicien de l’animation Michel Ocelot (Kirikou et la sorcière), en première au Québec ; Woman at War, de Benedickt Erlingsson, ou le combat d’une Islandaise contre une multinationale ; Sofia, de Meryem Benm’Barek, sur les difficultés rencontrées par une jeune Marocaine enceinte hors des liens du mariage, ce qui est là-bas illégal…

Sans oublié, d’ici, le film que Yan Giroux a consacré au poète Yves Boisvert : À tous ceux qui ne me lisent pas, une première mondiale avec Martin Dubreuil (La grande noirceur) en figure de proue.

Voix de la région

 

Pour autant, l’Abitibi-Témiscamingue occupera une place de choix au sein des festivités. Ainsi célébrera-t-on dignement l’enfant de la région Sophie Dupuis avec une projection gratuite de son formidable Chien de garde.

« Le candidat du Canada pour les Oscar : c’est toute une fierté, lance un Jacques Matte réjoui. Même si le film est sorti depuis un moment, trop de gens ne l’ont pas encore vu et cette présentation vise à le faire voir encore davantage. »

Originaire de la ville voisine de Val-d’Or, comme la cinéaste d’ailleurs, l’acteur Robin L’Houmeau tient quant à lui la vedette du film Happy Face, d’Alexandre Franchi. « Ils seront là tous les deux. C’est une oeuvre insolite, vraiment particulière. Dans le bon sens. »

Également sur le radar : le documentaire Territoire Ishkueu / Territoire femme, de Claude Hamel, autre native de la région, qui réunit entre autres paroles celles de Virginia Pésémapéo Bordeleau, de Joséphine Bacon et de Natasha Kanapé Fontaine. On aura l’occasion d’en reparler, puisqu’on y sera.

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