Pour Spike Lee, Trump est le «pire président de l’histoire américaine»

Sans jamais le nommer, lui donnant plutôt le surnom d’« agent orange », le réalisateur américain Spike Lee s’en est pris au président américain, Donald Trump, mercredi en conférence de presse à Montréal.
« C’est le pire président de l’histoire américaine », a lancé d’un ton ferme le réalisateur afro-américain de 61 ans.
Spike Lee était de passage dans la métropole mercredi pour assister au Festival international du film black de Montréal (FIFBM), dont il est l’invité d’honneur pour la troisième fois.
Avant de donner une conférence grand public en soirée au cinéma Impérial, pour discuter de son parcours et offrir ses conseils aux réalisateurs en devenir, Spike Lee s’est confié aux journalistes réunis dans un hôtel du Vieux-Montréal, en après-midi.
De Donald Trump au Ku Klux Klan en passant par la montée de l’extrême droite ou du talent musical de Prince, le célèbre réalisateur est revenu sur son dernier film, BlacKkKlansman, qui a reçu le Prix du jury au Festival de Cannes cette année.
Drame de Charlottesville
Dans son film, Spike Lee raconte l’histoire vraie de Ron Stallworth (joué par l’acteur John David Washington), un policier noir américain qui a réussi à infiltrer le Ku Klux Klan dans les années 1970.
Une oeuvre qui se veut une critique du racisme encore très présent aux États-Unis et qui se termine justement par des images d’un rassemblement de sympathisants néonazis à Charlottesville, en Virginie, au mois d’août 2017.
La seule chose que j’espère quand les gens voient mon film, c’est qu’ils ne feront pas l’erreur de [penser] que cette montée de l’extrême droite n’est qu’une chose spécifique qui se déroule aux États-Unis
« L’agent orange, David Duke, les maudits néonazis et le KKK ont écrit la nouvelle fin de mon film, mais au coût de la vie d’une personne », a déclaré le réalisateur, la voix pleine de tristesse.
L’événement de 2017 s’est en effet terminé de façon tragique puisqu’un sympathisant néonazi a foncé dans une foule de contre-manifestants avec sa voiture, tuant une jeune femme de 32 ans, Heather Heyer, et blessant plusieurs autres personnes.
« Si j’avais le pouvoir de ramener Heather Heyer et de perdre la fin [de mon film], je le ferais », a confié M. Lee, tout en précisant qu’il a appelé la mère de la victime pour avoir son autorisation d’inclure de telles images dans son film.
Montée de l’extrême droite
À ses yeux, Donald Trump a contribué à la montée de cette droite radicale au pays en refusant de dénoncer sur le coup le racisme qui animait les organisateurs de la manifestation. Le président avait plutôt estimé que les torts étaient partagés.
Ce n’est que le mois dernier qu’il a décidé de « condamner tous les types de racisme et les actes violents » perpétrés à Charlottesville, à la veille du premier anniversaire de la tragédie.
« La seule chose que j’espère quand les gens voient mon film, c’est qu’ils ne feront pas l’erreur de [penser] que cette montée de l’extrême droite n’est qu’une chose spécifique qui se déroule aux États-Unis », a-t-il déclaré.
Car le sentiment anti-immigrant attisé par les mouvements de droite radicale se retrouve à travers le monde entier, insiste Spike Lee.
Il a ainsi encouragé les citoyens à rejeter ces mouvements qui utilisent les immigrants comme boucs émissaires pour expliquer les maux de la société.
« Nous devons être plus intelligents en tant que peuple et ne pas nous en tenir à ce vieux truc de “diviser pour mieux régner” », a-t-il ajouté.
Garder espoir
S’il se dit découragé par le racisme persistant et les politiques de « l’agent orange », M. Lee reconnaît garder espoir en voyant certains citoyens leur tenir tête. D’après lui, les élections de mi-mandat qui approchent à grands pas aux États-Unis pourraient changer la situation de façon positive.
« Barack Obama l’a dit lui-même : ce sont les élections les plus importantes de l’histoire des États-Unis », a-t-il dit.