Course contre la montre au Festival des films du monde

Serge Losique convient que le festival a un «léger retard» dans ses préparatifs, alors que le coup d’envoi sera donné jeudi.
Photo: Annik MH de Carufel Archives Le Devoir Serge Losique convient que le festival a un «léger retard» dans ses préparatifs, alors que le coup d’envoi sera donné jeudi.

« C’est ma vie », laisse tomber Serge Losique. À trois jours de l’ouverture de la 42e édition du Festival des films de monde (FFM), la grille horaire des projections n’est toujours pas dévoilée, la composition du jury est encore énigmatique et une des salles de projection n’a pas encore été trouvée. Mais l’indéfectible président de ce rendez-vous cinématographique, maintes fois donné pour mort, n’affiche pas le moindre affolement.

« On sera prêts », a-t-il clamé sereinement lorsque Le Devoir l’a rencontré, lundi après-midi, dans un ascenseur de l’édifice adjacent au cinéma Impérial, sur la rue de Bleury, à Montréal, où le FFM a ses quartiers.

Serge Losique convient que le festival a un « léger retard » dans ses préparatifs, alors que le coup d’envoi sera donné jeudi. L’oeil vif sous son emblématique casquette noire, celui qui tient le FFM à bout de bras laisse entendre que le festival est, en quelque sorte, victime de son succès.

Le festival a ainsi reçu 488 longs métrages. Et certains auraient été soumis après la date limite, fixée au 11 juillet. « Vous comprenez : comment visionner tout ça aussi rapidement ? » lance-t-il. La liste des 25 longs métrages en compétition a finalement été établie dimanche soir, puis dévoilée lundi sur le site Internet du festival.

Place à la relève

Une sélection qui laisse une large place à la relève, puisqu’aucun réalisateur de renom ne s’y démarque. Plusieurs films en provenance de l’Asie et de la Russie parsèment la sélection, dans laquelle on ne trouve aucun film québécois ou canadien. Le long métrage Samurai’s Promise, du réalisateur japonais Daisaku Kimura, fera office de film d’ouverture, jeudi soir.

Il est toutefois impossible, encore aujourd’hui, d’acheter un billet pour une représentation. L’horaire est en train d’être fignolé et la prévente est prévue pour mercredi. Les représentations auront lieu comme à l’habitude au cinéma Impérial, mais aussi au cinéma Quartier Latin. « Et aujourd’hui, je vais trouver une autre salle », soutient Serge Losique, imperturbable.

Les cinq membres du jury ont été choisis, assure-t-il. Deux seront présents à Montréal pour le festival, alors que les trois autres visionneront les films en compétition sur la plateforme Vimeo. Une formule éprouvée l’an dernier, selon les dires de Serge Losique, mais qui avait suscité quelques haussements de sourcils.

Celui qui a fait face à toutes les tempêtes, perdant au passage presque tous ses bailleurs de fonds, défend encore et toujours sa formule. « Je ne me bats pas, c’est eux qui se battent contre moi, déplore-t-il. Je suis trop vieux maintenant pour me battre contre ces injustices. Je m’en fiche. » N’empêche que les disputes ont laissé leurs marques. Sans subventions et avec une dette fiscale touchant le demi-million, le festival peine encore cette année à tirer son épingle du jeu face, notamment, au Festival international du film de Toronto (TIFF) qui attire foules, vedettes et premières mondiales prisées.

Serein malgré tout

 

Loin de baisser pavillon, Serge Losique harponne une nouvelle fois le gouvernement québécois, qui subventionne selon lui « ce qui fait du bruit », plutôt que la « vraie culture ». « Ils veulent juste des statistiques, pour justifier leurs salaires », raille-t-il. « On insiste surtout sur le bruit, le bruit de la camelote. Pour moi, ce sont des fêtes foraines, qui ont leur raison d’être, mais ne mêlez pas ça à la culture ! Moi, je ne suis pas là pour vendre des hot-dogs ».

Rejetant encore et toujours les accusations de mauvaise gestion, Serge Losique rappelle que lors des années fastes du festival, « tous les grands cinéastes ont transité par Montréal ». « C’est moi le premier qui ai lancé Clint Eastwood dans un festival », claironne-t-il, avant de mentionner que c’est Federico Fellini lui-même qui avait dessiné à la main l’affiche de la 15e édition du FFM.

Serge Losique sera-t-il toujours au front l’an prochain pour présenter la 43e édition du FFM ? « Je ne parle jamais de moi. Mais le festival sera là », assure-t-il, expliquant qu’il travaille actuellement sur un livre et un film.

Une chose est sûre, c’est bien l’infatigable président qui décidera quand il cédera sa place. « Je serai toujours Austerlitz, mais jamais Waterloo », s’amuse-t-il à dire, en référence aux célèbres batailles de Napoléon.

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