À voir à la télévision le mercredi 14 avril - Safari cinématographique

Seuls les noms ont été changés. Dans Chasseur blanc, coeur noir de Clint Eastwood, le cinéaste égocentrique, bagarreur, irresponsable et vaguement alcoolo a beau se nommer John Wilson, tous les cinéphiles auront reconnu John Huston.

Appelé en renfort pour polir le scénario de African Queen (1951), mettant en vedette Humphrey Bogart et Katharine Hepburn, le romancier Peter Viertel en a profité pour détailler sa relation orageuse avec le bouillonnant réalisateur. Si l'Afrique fascine Huston, c'est moins pour y tourner l'équipée d'une vieille fille et d'un ivrogne sur un fleuve du Congo pendant la Première Guerre mondiale que pour partir en safari tuer un éléphant, «un péché» qu'il n'a pas encore commis...

Dans un pari risqué, Eastwood a décidé non seulement d'adapter à l'écran ce périple incroyable — la préparation chaotique du film de Huston vaut les tournages les plus mouvementés — mais de rompre avec son image de justicier solitaire pour jouer au créateur exécrable. Plus habitué aux silences, aux regards vengeurs et à la démarche inquiétante, le voilà qui cabotine à l'excès, livrant sans doute plus de répliques dans ce film que dans tous ceux qu'il a tournés précédemment.

Sa performance, plus surprenante que convaincante, ne constitue pas l'intérêt principal de Chasseur blanc, coeur noir. Sans complaisance, le film présente les rapports difficiles de Huston avec son entourage, particulièrement ses producteurs qu'il considérait comme incultes et voraces, exposant aussi son ambivalence à l'égard d'Hollywood. À ses côtés, Paul (Jeff Fahey) apparaît comme la voix de sa conscience. Et si vous croyez qu'il n'y a que les actrices d'Hollywood à jouer les divas capricieuses, attendez de découvrir les extravagances de John Huston.

Chasseur blanc, coeur noir

Historia, 22h

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