«Bonne pomme» — Pâte molle

Dans «Bonne pomme», Gérard Depardieu incarne un garagiste qui trouvera un hébergement chez une aubergiste (Catherine Deneuve) lors de son arrivée dans son nouveau village.
Photo: AZ films Dans «Bonne pomme», Gérard Depardieu incarne un garagiste qui trouvera un hébergement chez une aubergiste (Catherine Deneuve) lors de son arrivée dans son nouveau village.

Las de se faire marcher sur les pieds par sa famille, un garagiste bonasse (Gérard Depardieu) projette de s’acheter un garage dans un petit village. À son arrivée, il s’installe dans une auberge où la propriétaire des lieux (Catherine Deneuve) abuse de la gentillesse de son entourage. Bonne poire, l’homme fera tout en son pouvoir pour aider cette manipulatrice alcoolique chaque fois qu’elle se mettra dans le pétrin.

On ne remettra certainement pas ici en question le talent de Depardieu, émouvant et attachant en colosse maladroit au grand coeur, ni celui de Deneuve, plus qu’à l’aise en Parisienne perdue au milieu de nulle part. Toutefois, devant cette pochade gériatrique de Florence Quentin (J’ai faim !), force est de se poser de sérieuses questions sur leur jugement. Et là, on ne parle même pas de l’épisode russe du premier ni des positions douteuses sur la drague de la seconde…

Boulimique de travail, Depardieu accepterait sans doute avec bonheur d’incarner un pot de fleurs, alors il est à peine surprenant de le trouver dans cette galère. D’ailleurs, à quand remonte son dernier grand rôle au grand écran ? Quant à Deneuve, que l’on retrouve régulièrement chez de jeunes réalisateurs prometteurs ou des cinéastes accomplis où elle parvient chaque fois à se réinventer, c’est mystère et boule de gomme.

Dixième rencontre au sommet du couple mythique du Dernier métro, Bonne pomme, de la scénariste de La vie est un long fleuve tranquille, de Tatie Danielle et du Bonheur est dans le pré (comme il paraît loin le temps où Étienne Chatilliez et sa fidèle complice avaient de l’inspiration !), repose sur un scénario passoire, écrit avec son complice Alexis Quentin, et une mise en scène paresseuse.

Non seulement on ne croit jamais aux personnages ni aux situations, mais le récit est si mal ficelé qu’on perd bientôt tout intérêt dans la relation qui se développe entre les personnages principaux. Pis encore, les intrigues criminelles et les personnages secondaires sont si grossièrement ébauchés (notamment les personnages féminins, exécrables clichés sexistes) que Bonne pomme ressemble à une laborieuse émission-pilote d’une sitcom médiocre.

Alors qu’elle laisse ses acteurs se dépêtrer avec des répliques qui tombent à plat dans des situations poussives, Florence Quentin n’arrive jamais à tirer profit du charme des lieux, pas plus qu’elle ne parvient à donner du tonus à l’ensemble. Bref, tout le monde a l’air perdu dans le même décor. Attendant vainement que le film trouve son rythme de croisière et le récit sa direction, on se remémore en soupirant les précédentes grandes rencontres de ces deux monstres sacrés du cinéma français. Et au moment où l’on croit qu’une conclusion sauvera miraculeusement Bonne pomme du naufrage, ça se termine en queue de poisson. Circulez, il n’y a rien à voir !

Cinéma Beaubien, Cinéplex Odéon Quartier Latin

Bonne pomme

★★

Comédie de Florence Quentin. Avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Guillaume de Tonquédec, Grégoire Ludig, Benjamin Voisin, Blandine Bellavoir, Françoise Lépine et Chantal Ladesou. France, 2017, 101 minutes.