Jacques Matte évoque les défis de son Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue

Samedi soir s’ouvrira à Rouyn-Noranda le 36e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT). Dans les faits, l’événement a débuté, sous d’autres noms, dès 1977. Depuis lors, c’est un succès renouvelé, et rodé. Cofondateur avec Louis Dallaire et Guy Parent, Jacques Matte dirige le FCIAT depuis sa naissance. Chaque année, il s’attelle à concocter une programmation où les valeurs sûres côtoient les découvertes, et ce, avec plusieurs primeurs à la clé, prestige oblige.
Cette année encore, Jacques Matte affiche un mélange de nervosité, celle qui précède le lancement de chaque édition, et de joie, celle d’avoir réuni des films — courts et longs, de documentaire et de fiction — qui plairont certainement au public de la région. D’ailleurs, lors de la soirée d’ouverture le 28 octobre, il y aura un peu de la ville de Rouyn-Noranda sur le grand écran. En effet, le film Junior majeur, présenté en première mondiale, a en partie été tourné dans la capitale du cuivre ce printemps. Suite de Pee-wee 3D, Junior majeur conte les péripéties d’un jeune joueur de hockey (Antoine Olivier Pilon) qui fait face à une pression énorme.
« Ça fait trois ou quatre ans qu’on est impliqués là-dedans. Ça va être un gros show. Toute l’équipe va être là. On n’a pas l’habitude d’avoir un blockbuster comme ça, en ouverture, mais c’est tellement un concours de circonstances spécial », explique Jacques Matte, pas peu fier de la tournure des événements. Le producteur Christian Larouche et le distributeur Les films Séville ont tout naturellement réservé la primeur au FCIAT.
Ratisser large
Cela dit, le festival maintient d’excellents rapports avec tous les producteurs et distributeurs. « C’est une relation de confiance qu’on a su bâtir au fil des ans. Un autre exemple, c’est Roger Frappier qui nous a offert Hochelaga, de François Girard ; on est tellement fiers de le projeter avant la sortie officielle. Samian [qui tient le rôle principal de l’archéologue mettant au jour les fondementsd’Hochelaga] va être là : c’est un enfant de la région. On est contents. »
Présenté en première nord-américaine, le nouveau film de Martin Laroche, Tadoussac, sur une jeune fille en quête de ses origines mystérieuses, fait tout autant plaisir à Jacques Matte. Entre fresque et canevas intimiste, le FCIAT ratisse large en multipliant les formats et en conviant des oeuvres venues de 25 pays. On compte 36 premières diverses échelonnées sur huit jours.
Parmi les incontournables, et là encore en première mondiale, il faudra voir le documentaire de Michel La Veaux Labrecque, une caméra pour la mémoire, consacré à l’immense Jean-Claude Labrecque, qui accompagnera le film. Émotions en vue.
Place aux jeunes
Au cours de la discussion, Jacques Matte aborde un aspect qui lui tient à coeur, celui de mettre autant en valeur les anciens que les talents émergents. « Il faut faire une place aux jeunes ; il faut leur permettre de s’exprimer. C’est pour ça qu’on maintient des partenariats avec le cégep et l’université. Il y a des étudiants qui vont présenter leurs courts métrages juste avant Tadoussac : ils vont être fiers de montrer leur travail à Martin Laroche et à Isabelle Blais, qui accompagnera aussi le film. C’est des rencontres qu’on veut créer. Et en même temps, on crée le public de demain. »
Un public qui reste, bon an mal an, d’une fidélité indéfectible. « Ce n’est pas rien, souligne Jacques Matte. On est un petit milieu : 40 000 habitants. Imaginez, c’est comme si on délimitait une partie du Plateau–Mont-Royal et qu’on disait : “OK, organisez un festival en vous en tenant à ce groupe-là”. Pour que les gens reviennent, il faut demeurer pertinent. »
Et pour demeurer pertinent, il faut savoir se renouveler.
« Louis, Guy et moi, on incarne une stabilité, une solidité aux yeux de l’industrie et des institutions. Mais l’équipe, elle est jeune. On est entourés de jeunes hommes et de jeunes femmes hyperallumés », conclut Jacques Matte.
Ou quand les gestes suivent les paroles.