Margaret Atwood et l’impulsion qu’elle doit à Trump

L’actrice et réalisatrice Sarah Polley, l’auteure Margaret Atwood et l’actrice Sarah Gadon ont présenté la minisérie «Alias Grace» au Festival international du film de Toronto, mercredi.
Photo: Joe Scarnici Agence France-Presse L’actrice et réalisatrice Sarah Polley, l’auteure Margaret Atwood et l’actrice Sarah Gadon ont présenté la minisérie «Alias Grace» au Festival international du film de Toronto, mercredi.

Margaret Atwood ne se réjouit pas du fait que l’élection du président américain Donald Trump eut permis à son oeuvre de trouver écho.

L’écrivaine canadienne est au Festival international du film de Toronto (TIFF) pour faire la promotion de la nouvelle minisérie Alias Grace (CBC/Netflix), une adaptation de son roman du même nom sur une immigrante irlandaise accusée d’avoir tué ses employeurs en 1843.

Cette nouvelle production suit la saga dystopique La servante écarlate (The Handmaid’s Tale), une autre série inspirée de la plume de Margaret Atwood. Celle-ci prend place dans une théocratie totalitaire où l’État est propriétaire des femmes et en force certaines à porter des enfants pour des couples infertiles. La série est en lice dans 13 catégories à la cérémonie des Emmy Awards, qui se tiendra dimanche.

Si les deux séries s’intéressent au traitement des femmes et des immigrants, La servante écarlate fait particulièrement frémir alors que la lutte pour les droits à la contraception et à l’avortement reprend de plus belle aux États-Unis.

« Si j’avais le choix de croupir dans l’ombre et de ne pas avoir ce gouvernement au pouvoir, ou le moment actuel, je pense que je peux affirmer honnêtement à mon âge que je choisirais la première option — parce que cette tournure des choses n’est pas bonne pour le monde », a lancé la romancière de 77 ans.

L’actrice et réalisatrice canadienne Sarah Polley a écrit et produit Alias Grace, qui s’inspire de l’histoire vraie de Grace Marks, emprisonnée pendant 30 ans.

Margaret Atwood maintient que ce n’est pas l’élection présidentielle américaine qui a motivé la réalisation de ces deux séries. « Sarah travaille sur Alias Grace depuis quoi, six ans, et elle y pense depuis environ 20 ans, a-t-elle souligné. Ils étaient au milieu du tournage de Handmaid’s Tale, donc ce n’est pas quelque chose qu’ils ont fait à cause de l’élection de Donald Trump. »

« Mais, ils se sont réveillés le 9 novembre en réalisant qu’ils se trouvaient dans un autre contexte », a-t-elle reconnu.

Sarah Polley, qui a déjà été en nomination aux Oscar, se réjouit néanmoins de cette impulsion. « [Les deux séries] sont dans des époques et des styles complètement différents et il n’y a rien qui les connecte vraiment sauf ce dialogue à propos des femmes et de l’histoire, a-t-elle exposé. Je pense que regarder vers l’arrière et vers l’avant est vraiment utile alors que les droits sont très précaires. Je pense que c’est, dans ma vie, le moment le plus terrifiant parce que je réalise que ces choses ne sont pas acquises. »

Alias Grace sera diffusée sur CBC à compter du 25 septembre et sera disponible dès le 3 novembre sur Netflix.

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