«Vieux Cop, Old Cop»

Alain DesRochers (au centre) prend la relève et réalise le second opus de «Bon Cop, Bad Cop», mettant en vedette, pour la deuxième fois, Colm Feore et Patrick Huard.
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Alain DesRochers (au centre) prend la relève et réalise le second opus de «Bon Cop, Bad Cop», mettant en vedette, pour la deuxième fois, Colm Feore et Patrick Huard.

Alain DesRochers rêvait depuis longtemps de tourner un film écrit par Patrick Huard, avec qui il avait travaillé sur la série Music-Hall. Fort de l’expérience Nitro et Nitro Rush, le réalisateur n’a pas hésité lorsque l’acteur, scénariste et producteur lui a demandé de signer le second volet de Bon Cop, Bad Cop d’Érik Canuel, film canadien le plus lucratif de l’histoire.

« C’est très stressant, mais aussi très motivant, reconnaît Alain DesRochers. Patrick voulait que ce soit complètement différent du premier, que ce soit une comédie touchante. Combiner le drame et la comédie, ç’a toujours été bien important pour moi ; je l’avais fait avec La bouteille, mon premier film, et la série Les Bougon. Je crois que les gens vont voir le côté émotif que je suis capable d’aller chercher. »

Onze ans après avoir été contraints d’enquêter sur le meurtre d’un avocat retrouvé à la frontière de l’Ontario et du Québec, David Bouchard (Patrick Huard), qui a infiltré un réseau de trafiquants d’automobiles, et Martin Ward, qui enquête sur un groupe terroriste, doivent travailler de nouveau ensemble.

« Il y a des timings qui marchent et d’autres qui ne marchent pas, dans ce cas-ci, on est “right on target”. Il y a deux ans, quand Patrick m’a approché, le sujet me faisait peur, mais en lisant le scénario, j’étais content de voir qu’on n’accusait personne. En fait, on accuse davantage le côté fêlé de ceux qui se prennent pour les rois du monde », poursuit le cinéaste.

Bromance made in Canada

 

En souhaitant faire un film différent du premier, Patrick Huard ne voulait pas pour autant renier l’ADN de Bon Cop, Bad Cop : « Ce n’est pas moins drôle que le premier, mais il y a des moments plus profonds, on va plus loin dans l’amitié. On est partis de deux archétypes pour créer un personnage : le duo Martin et David. C’est pour ça que j’ai introduit un gadget à la 24 qui leur permet de toujours être en contact. Martin et David sont dans la tête l’un de l’autre. »

En raison de son travail, David se sent loin de sa femme (Lucie Laurier) et de sa fille (Sarah-Jeanne Labrosse), qui s’apprête à entrer à Nicolet. Pour sa part, Martin tente de cacher ses problèmes personnels à David. Si Mariana Mazza apporte un vent de folie dans le rôle d’une experte en informatique prêtant main-forte au tandem, Bon Cop, Bad Cop 2, en salle le 12 mai, s’avère plus grave, plus sombre. « Gritty », comme on dit dans la langue de Shakespeare.

« Gritty et gris, confirme Colm Feore. David et Martin sont plus vieux, mais toujours cool. On voit que la vie leur a laissé des cicatrices. On sent dans leur attitude que lorsqu’on est plus vieux, tout est plus simple : on n’a plus le temps, on est direct. On dit : “Vous n’aimez pas ce que je vous offre ? Et bien, fuck off ! Je suis trop vieux pour ça !” En jouant là-dessus, les personnages sont plus riches, plus profonds. »

Deux solitudes unies

 

Alors que Bon Cop, Bad Cop comportait 62 % de dialogues en français, Patrick Huard dévoile que ce second volet comprend 51 % de répliques en français, de quoi satisfaire davantage les cinéphiles du ROC.« Dans le premier film, je me souviens que certains anglophones ne comprenaient pas pourquoi les francophones riaient autant », se souvient Colm Feore. « On a fait des séances à Toronto et à Montréal, explique Huard. Les réactions sont sensiblement les mêmes. Il y a peut-être un 10 % de différence. À Montréal, on trouvait drôle la scène d’interrogatoire avec les policiers américains à la Fargo ; à Toronto, on se pissait dessus ! Les Canadiens ne sont pas habitués de se moquer des Américains ; ils sont habitués au contraire. »

« Les choses sont balancées comme une montre suisse ; on est en même temps dans le drame, dans la comédie et dans l’action. Dans la scène de la crème glacée avec Lucie et Patrick, on comprend par l’écran brisé du téléphone que malgré toutes les pièces détachées, leur mariage est intact. Pour moi, c’est touchant et poétique », confie Colm Feore.

« L’important, c’est de faire vivre au public une expérience en montagnes russes et je pense que pour des gens qui avaient le budget sandwichs de Rapides et dangereux, on a fait quelque chose de pas pire ! » croit Patrick Huard.

Nouvelle vocation pour Anik Jean

Anik Jean ne le cache pas : Bon Cop, Bad Cop n’est pas son genre de film. À la lecture de la première mouture du scénario, elle a toutefois été touchée par sa dimension émotive. Elle a alors imaginé une trame sonore « James Bond rock », puis a consacré six mois à mettre le film en musique : « Ç’a vraiment été un beau trip, mais je ne savais pas qu’il y avait autant d’étapes. Je suis habituée de mixer avec quelqu’un pour un album et ensuite, de passer au mastering. Pour un film, tu mixes ta musique et ensuite tu as quelqu’un qui mixe certains éléments en 5.1. Je capotais ! Je n’avais jamais entendu ma musique en surround », explique Anik Jean, qui avait fait l’inverse avec l’album et le film Lost Soul. Entourée d’artistes invités, tels July Talk, Bran Van 3000, Arkells, Jean-Marc Couture et Frank Turner, Anik Jean s’est notamment inspirée de Thomas Newman (Skyfall, Spectre), Steve Jablonsky (Transformers) et Lalo Schifrin (Mission : impossible). Elle a tant aimé l’expérience qu’elle n’a pas l’intention d’en rester là : « Je me suis inscrite à des masterclass de compositeurs à Los Angeles et à New York parce que c’est vraiment ce que je veux faire. Je suis devenue membre de la Society of Lyricists and Composers ; tous les deux jours, je reçois des courriels annonçant des conférences et des cours de maître avec des Trent Reznor et Hans Zimmer. J’ai hâte de faire ça ! Je suis prête à rouler les fils de Trent Reznor juste pour le regarder travailler ! »