Les enfants de l’avenir présentés dans «Les pépites»

Film résolument optimiste et élogieux, «Les pépites» fera fondre les résistances des plus cyniques.
Photo: Rezo Films Film résolument optimiste et élogieux, «Les pépites» fera fondre les résistances des plus cyniques.

Beaucoup a été dit, écrit et filmé sur les horreurs perpétrées par les Khmers rouges qui ont mis le Cambodge à feu et à sang. Mais que sont devenus les survivants de ce massacre, et leur progéniture ? À sa manière, le documentariste Xavier de Lauzanne en fournit une réponse bouleversante, mais pleine d’espoir, dans Les pépites.

Cet espoir s’incarne dans le couple formé de Christian et Marie-France des Pallières, un tandem hors du commun, passionné de voyages au bout du monde (avec leurs quatre enfants dans une caravane !), de musique (ils furent l’équivalent français de la famille von Trapp) et empreint d’un humanisme inspirant. Bref, ils n’ont rien fait comme les autres, une singularité que Christian (décédé le 24 septembre 2016 à l’âge de 82 ans) explique par le triste spectacle du château familial en flammes avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, alors qu’il était enfant. De cela, il a appris la précarité des choses et l’urgence de vivre.

Lors d’un séjour prolongé à Phnom Penh au milieu des années 1990, la vision de dizaines d’enfants pataugeant dans les eaux gluantes et les odeurs pestilentielles de la décharge de la capitale lui glace le sang. Que peut-il faire pour les retirer de cet enfer, là où ils tentent de se nourrir et de subvenir aux besoins de leur famille qui leur inflige souvent les pires sévices corporels ? Avec la complicité de Marie-France, alors que leurs quatre enfants volaient maintenant de leurs propres ailes, il décide de s’installer à proximité des lieux, construisant patiemment l’ONG Pour un sourire d’enfant (PSE), devenue peu à peu école, infirmerie, pensionnat, bref, un véritable milieu de vie où, de quelques dizaines d’enfants au départ, ils sont maintenant des milliers à avoir connu ou à connaître ceux qu’ils surnomment affectueusement « papy et mamy ».

À leur manière, rieuse et affectueuse, ils font bien plus que nourrir et loger ces éclopés, instaurant des écoles de métier (dont le cinéma !), insistant sur l’importance du savoir pour se tailler une place, car ils ne peuvent compter sur le trafic d’influence des cercles fortunés. Il suffit de voir les multiples images tournées au milieu des détritus de la décharge pendant près d’une décennie pour comprendre qu’ils étaient les parias de cet État longtemps en lambeaux. La seule évocation de bébés trouvés sans vie dans cet enfer à ciel ouvert en dit long sur le désespoir des vivants…

Film résolument optimiste et élogieux — on aurait aimé entendre les quatre enfants du couple sur leur vie de famille unique en son genre —, Les pépites fera fondre les résistances des plus cyniques. Xavier de Lauzanne utilise des astuces séduisantes (comme ces grandes photos d’archives plantées dans le paysage de Phnom Penh) et sait capter l’essence de ces deux personnages à la bonhomie réjouissante. Car il leur en a fallu pour sillonner les routes de France, convaincre des milliers de donateurs, et surtout briser les résistances de Cambodgiens, dont plusieurs voyaient en eux des colonisateurs humanitaires. La suite leur a donné tort, et le film effleure l’avenir de PSE sans la présence de ce duo de choc qui n’avait peur de rien. Surtout pas de l’immense misère humaine.

V.O. : Beaubien.

Les pépites

★★★ 1/2

France, 2016, 89 minutes. Documentaire de Xavier de Lauzanne.