«Raid dingue»: bête mais disciplinée

Les jours suivant les attentats à Charlie Hebdo et au magasin Hyper Casher, on a vu dans les bulletins de nouvelles des citoyens français enlacer des policiers afin de les remercier. Dany Boon (Bienvenue chez les Ch’tis) aurait-il voulu profiter de ce mouvement de sympathie en faisant apparaître juste avant que défile le générique de fin un carton où l’on peut lire « à toutes ces femmes et tous ces hommes qui risquent leur vie afin de protéger notre joie de vivre » ? Si c’est le cas, on aurait envie d’aller demander pardon aux forces de l’ordre pour cette piètre comédie (qui cartonne pourtant en France !).
Souhaitant rendre hommage aux polars mettant en scène Jean-Paul Belmondo et aux comédies de Pierre Richard — et peut-être faire oublier le retentissant ratage de Supercondriaque, Dany Boon et la scénariste Sarah Kaminsky ont concocté une comédie campée au sein du RAID, l’unité d’élite de la Police nationale française. Hélas ! Le résultat rappelle les pires comédies de Claude Zidi (L’animal, Bête mais discipliné, Les bidasses en folie, Les sous-doués…).
Mettant ses habituelles grimaces de côté et se réservant les répliques les plus misogynes, Dany Boon s’efface derrière Alice Pol, vue dans Supercondriaque, en qui il voit une Pierre Richard en jupon. Dans le rôle d’une policière gaffeuse qui réalise enfin son rêve de suivre la formation du RAID — grâce au chantage qu’effectue le ministre de l’Intérieur qui est son père (Michel Blanc) auprès du chef du RAID (François Levantal), l’actrice en fait des tonnes. Multipliant mimiques idiotes et gestes nerveux, elle fait soupirer d’exaspération sans jamais parvenir à faire décrocher un sourire.
Et que dire d’Yvan Attal ? Peu rompu aux comédies, l’acteur joue façon burlesque le chef d’un dangereux gang serbe qui, après quelques braquages, souhaite éliminer des chefs d’État lors d’une réunion au sommet. Alors que l’on croyait avoir atteint le fond dans cette plate enfilade de gags machistes et de situations humiliantes, on assiste à un numéro embarrassant où fusent des blagues dépassées sur l’homosexualité, tandis que le personnage d’Attal se travestit pour filer à l’anglaise lors du défilé de la gay pride.
La seule qualité que l’on peut trouver à Raid dingue, c’est que le rythme s’avère assez alerte. Toutefois, cela n’empêche pas de faire oublier les scènes où l’anti-héroïne se tape sa caricaturale belle-famille bourgeoise (pauvre Sabine Azéma !), ses pitreries s’étirant jusqu’à la nausée, l’intrigue sentimentale plaquée ainsi que toutes les invraisemblances du récit. Pourquoi fallait-il donc que divertir soit ici synonyme d’abrutir ?