Nostalgie hollywoodienne

Campé à Hollywood, en 1958, Rules Don’t Apply met en scène une aspirante actrice rêvant de jouer dans le prochain film produit par Hughes. 
Photo: François Duhamel Campé à Hollywood, en 1958, Rules Don’t Apply met en scène une aspirante actrice rêvant de jouer dans le prochain film produit par Hughes. 

Absent derrière la caméra depuis la sortie de Bullworth en 1998, Warren Beatty rêvait depuis plus de 40 ans de signer un film sur l’excentrique milliardaire, homme d’affaires et producteur Howard Hughes. Si notre rapport au temps et à la durée a considérablement changé depuis les années 1970, il semble que ce ne soit pas le cas du vénérable réalisateur de Reds, qui livre un film au rythme lent et laborieux. À moins que ce ne soient les quatre monteurs qui aient dormi au gaz…

Habité par une folie et une fantaisie rappelant celles de sa soeur Shirley MacLaine, actrice rompue aux personnages flamboyants s’il en est, Warren Beatty brille cependant devant la caméra dans le rôle de Hugues, qu’il a imaginé aux prises avec les actionnaires de la TWA, sa compagnie d’aviation au bord de la faillite, et avec les auditions d’un film de la RKO, sa société de production. Derrière les errances de Hughes, son comportement irrationnel et son rapport décalé à la réalité, Beatty a su insuffler au personnage une portion d’humanité, le rendant attachant et d’une surprenante vulnérabilité.

Cependant, le Hughes que Beatty campe avec tant d’aisance et de panache relègue trop souvent au deuxième rang l’intrigue principale, laquelle paraît assez convenue. Campé à Hollywood, en 1958, Rules Don’t Apply met en scène une aspirante actrice (Lily Collins, « audreyhepburnesque ») rêvant de jouer dans le prochain film produit par Hughes. Chaperonnée par sa mère (Annette Bening, impériale), attendant patiemment de rencontrer Hugues, elle se lie alors d’amitié avec son chauffeur (Alden Ehrenreich, impeccable), nouvellement engagé par le milliardaire, bien que cela pourrait nuire à leur carrière et à leur avenir. Les tribulations sentimentales et professionnelles qui s’ensuivront réserveront assez peu de surprises.

Ayant sans doute gardé un doux souvenir de l’époque de ses débuts d’acteur, Warren Beatty dépeint un Hollywood plutôt inoffensif à côté de celui que décrivaient les frères Coen dans Ave, César !, leur lettre d’amour teintée d’humour noir au cinéma de l’âge d’or d’Hollywood. Moins inspiré que Scorsese (L’aviateur, inoubliable biopic sur Howard Hughes), celui qui soufflera ses 80 bougies au printemps livre une comédie dramatique pétrie de nostalgie dont le charme suranné, lequel s’étale en une suite d’élégants et sages huis clos, et les quelques traits d’esprit ne parviennent pas à faire oublier le rythme léthargique.

Rules Don’t Apply

★★ 1/2

États-Unis, 2016, 126 minutes. Comédie dramatique de Warren Beatty. Avec Lily Collins, Alden Ehrenreich, Matthew Broderick, Warren Beatty et Annette Bening.

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