Icône pop

C’est dans une atmosphère de franche camaraderie que se déroule Gimme Danger, où le cinéaste laisse Iggy Pop et les rares survivants de cette folle épopée se raconter en toute franchise.
Photo: Ed Caraeff C’est dans une atmosphère de franche camaraderie que se déroule Gimme Danger, où le cinéaste laisse Iggy Pop et les rares survivants de cette folle épopée se raconter en toute franchise.

Torse nu, moulé dans son jean, se trémoussant comme un babouin en colère, Iggy Pop frappe l’imaginaire depuis près de 50 ans. Aux yeux de Jim Jarmusch et de bien d’autres amateurs de rock, son groupe The Stooges (1967-1974) demeure l’un des bands les plus importants et les plus influents de l’histoire. Sans ces précurseurs du mouvement punk, aurions-nous eu droit au son des Ramones, des Sex Pistols et de Sonic Youth ?

Jim Jarmusch adore l’increvable Iggy Pop et son mythique band The Stooges, et ça paraît ! Dès la première scène, on ressent son bonheur de retrouver l’iguane légendaire, de son vrai nom Jim Osterberg, qu’il a dirigé dans Dead Man (1995) et Coffee and Cigarettes (2004). En entendant Jarmusch dire que The Stooges est l’un des meilleurs groupes du monde, Iggy Pop ne peut cacher son amusement. Une chose est sûre, la gloire et la notoriété ne lui sont pas montées à la tête.

C’est donc dans une atmosphère de franche camaraderie que se déroule Gimme Danger, où le cinéaste laisse Iggy Pop et les rares survivants de cette folle épopée, dont le frêle batteur Scott Asheton, décédé peu après le tournage, se raconter en toute franchise. Alors que les musiciens se remémorent les origines du groupe et le contexte social de l’époque, défilent quantité de photos et d’extraits d’archives. De toute évidence, Jarmusch n’a pas voulu signer un documentaire statique et nostalgique. Ponctuant le tout d’amusantes séquences animées, lesquelles évoquent les tableaux des maîtres flamands, le réalisateur mélomane fait la partbelle à la musique de ce groupe, intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 2010.

Certes, les fans finis des Stooges, toutes générations confondues, apprendront peu ou prou sur le sujet. Toutefois, plusieurs d’entre eux reconnaîtront que ce documentaire se révèle être une musicographie précieuse et une preuve incontestable de l’héritage des Stooges dans l’histoire du rock. Bien que les décennies aient passé, Pop, qui soufflera 70 bougies en avril, demeure jeune de coeur et d’esprit. Chez lui, aucune place pour la nostalgie, ni pour les regrets, pas plus que pour l’autocongratulation. En rendant hommage à cette icône, Jarmusch signe un vibrant éloge à l’authenticité. Et, en cette période où l’on juge les jeunes chanteuses pour leur tenue vestimentaire, on en a bien besoin.

V.O.A.: Cinéma du Parc.

Gimme Danger

★★★

Documentaire de Jim Jarmusch. États-Unis, 2016, 108 minutes.