Vingt jeunes cinéastes en colère

Les cinéastes accusent Serge Losique d'avoir été « têtu et négligent, allant de l’avant [avec le FFM] pour satisfaire [ses] désillusions et sans remplir les exigences du festival ».
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Les cinéastes accusent Serge Losique d'avoir été « têtu et négligent, allant de l’avant [avec le FFM] pour satisfaire [ses] désillusions et sans remplir les exigences du festival ».

Une lettre ouverte en provenance de 20 cinéastes étudiants a été expédiée mardi au président du Festival des films du monde (FFM), Serge Losique, avec copies conformes au maire de Montréal Denis Coderre, à la ministre fédérale du Patrimoine, Mélanie Joly, et au ministre de la Culture Luc Fortin.

Cette longue missive en anglais étale leur frustration et leur colère quant au traitement subi lors de cette édition houleuse. « Après avoir consacré tant de temps, d’efforts et d’argent à nos films, nous sommes déçus, insultés, fâchés et humiliés », ont écrit les jeunes cinéastes.

Rappelons que plusieurs oeuvres avaient été retranchées de la grille horaire après défection des sept salles du cinéma Forum à cette 40e édition du festival. L’écran du théâtre Outremont s’est ajouté mardi, mais des oeuvres sont encore laissées orphelines.

Au bureau du FFM, Serge Losique assure que les films étudiants seront tous projetés en matinée au cinéma du Parc les 31 août, ainsi que les 1er, 2 et 5 septembre. Il ajoute que l’ensemble des films de la sélection, toutes catégories confondues, aura droit à une projection. « Il en reste quatre à caser, et ce sera fait bientôt », assure-t-il. Le Cinéma du Parc a confirmé la nouvelle.

Le président du FFM se démène aussi comme un diable dans l’eau bénite pour sauver ses meubles.

« Serge Losique a appelé Mario Fortin [directeur du Beaubien et du Parc] en début de semaine. On ne pouvait accueillir les films toute la journée. Nous n’avions des disponibilités que le matin, explique Raphaël Dostie, directeur des communications au cinéma du Parc. C’est un coup de main qu’on veut donner au FFM. » Les salles seront pour l’occasion accessibles gratuitement, pour répondre, dit-on, à une situation particulière, au rythme d’une projection par jour, huit en tout.

Pour ces cinéastes étudiants originaires de Colombie, d’Allemagne, d’Israël, des États-Unis, de la Finlande, de la République tchèque, les griefs dépassent la projection des films. Ils disent avoir été mal reçus et non informés en ce qui touche aux annulations sans avis préalables, puis laissés dans le noir, après avoir subi des pertes financières et beaucoup de détresse, sans centre de regroupement.

« Bien que nous soyons nombreux à avoir subi des pertes financières en raison de la tournure des événements, la perte de l’expérience du festival constitue notre plus grand malheur, ont fait valoir les jeunes artistes. Ç’aurait été la première expérience de festival pour plusieurs d’entre nous : une occasion de voir nos films sur un grand écran, de connecter avec les spectateurs, de voir le travail d’autres jeunes cinéastes et d’établir des contacts pour des collaborations futures. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est une grande perte. Votre négligence et votre mauvaise gestion nous ont fermé des portes, M. Losique. »

Les cinéastes dénoncent aussi le manque de respect, de transparence et d’organisation du président du festival comme le petit nombre d’employés pour offrir des réponses à leurs questions. Ces cinéastes exigent des excuses de Serge Losique comme ils lui recommandent sérieusement de passer les rênes de son rendez-vous à quelqu’un d’autre. « Le FFM est condamné depuis un certain temps. Vous, M. Losique, avez été têtu et négligent, allant de l’avant [avec le FFM] pour satisfaire vos désillusions et sans remplir les exigences du festival », ont-ils martelé.

Losique refuse de s’excuser

Le président du FFM refuse de s’excuser, précise qu’il y a eu des retards mais que tout s’arrange : « Les jurys voient les films. Il y aura des prix au bout. »

Et vogue la galère ! Du côté des politiciens ayant reçu copie de la missive, les réactions n’étaient pas vraiment au rendez-vous. Tristesse, regards sur la situation. Ils n’investissent pas dans le FFM.
 


 

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