Depardieu sera Staline

Avec un passeport russe en main depuis 2013, et deux ans plus tôt une incarnation de Raspoutine dans un téléfilm de Josée Dayan, l’acteur français et monstre sacré au verbe péremptoire Gérard Depardieu, qui affiche ses amitiés avec le président Vladimir Poutine, sera bientôt plus russe que le Kremlin, puisqu’il se prépare à incarner le moustachu dictateur soviétique Joseph Staline.
Le film Et derrière moi une cage vide sera dirigé par l’actrice-cinéaste Fanny Ardant, qui consacrerait son troisième long métrage (après Cendres et sang en 2009 et Cadences obstinées en 2013) au Petit Père des peuples d’origine géorgienne. Il s’agit d’une adaptation du roman de 2013 Le divan de Staline, du Français Jean-Daniel Baltassat, dans lequel un jeune artiste est envoyé au début des années 50 par Staline édifier un monument à son honneur. Emmanuelle Seigner jouera sa maîtresse, Lidia Semionova.
Le studio de Moscou Mosfilm sera mis à contribution pour les costumes et accessoires, tandis que le film, produit par la société franco-portugaise Leopardo Filmes, sera tourné au Portugal du 4 janvier au 6 février. L’information, lancée par Hollywood Reporter, fut confirmée et relayée cette semaine par un grand nombre de médias français.
Tradition
Depardieu ne sera pas le premier à arborer la célèbre moustache du tyran sanguinaire. Sous son règne placé sous le sceau du culte de la personnalité, à travers force films de propagande, Staline se faisait représenter notamment par Mikheil Gelovani (1893-1956), alter ego notamment dans La chute de Berlin en 1949. L’interprète reçut le prix Joseph-Staline !
Les Staline des films occidentaux avaient moins beau profil, surtout au cours de la guerre froide. Ainsi, sous les traits de Colin Blakely dans le téléfilm britannique Red Monarch de Jack Gold en 1983, inspiré des écrits du dissident Yuri Korotkov. Plus tard, en 1996, incarné par F. Murray Abraham dans la satire politique Children of the Revolution de Peter Duncan, y sont évoquées ses amours avec une communiste australienne.
Même André Dussollier incarna le dictateur en France dans Une exécution ordinaire de Marc Dugain, en 2010, en homme affaibli qui manipule une femme médecin russe (Marina Hands).