Amours, délires et hormones

Qu’est-ce qui fait courir Aurélie Laflamme ? D’une imagination sans limites, d’une gaucherie sans pareille, l’héroïne préférée des ados a le don de se compliquer la vie. Ainsi ne sait-elle pas qui choisir entre Nicolas (Aliocha Scheider) et Tommy (Lou-Pascal Tremblay)… Ainsi croit-elle que l’heure de la ménopause a sonné pour sa mère (Édith Cochrane) alors que celle-ci a de constantes poussées d’hormones… Ainsi pense-t-elle que son professeur de français (David La Haye) est injuste envers elle… En plus de ça, elle ne sait toujours pas dans quel programme s’inscrire au cégep.
Si India Desjardins avait vu le jour aux États-Unis, les huit tomes du Journal d’Aurélie Laflamme auraient fait l’objet de neuf longs métrages à gros budgets. Ceci n’étant pas le cas, il a donc été décidé que les aventures de la populaire adolescente seraient condensées en deux volets. Le premier, ludique et imaginatif à souhait, portait la griffe de Christian Laurence, qui avait prêté main-forte à la romancière au scénario. Le second, plus près des standards des films d’ados à la John Hugues, a été confié à Nicolas Monette. Cette fois, India Desjardins s’est retrouvée seule pour écrire le scénario, lequel fusionne habilement l’action des deux derniers tomes.
Si l’on y reconnaît avec bonheur le regard aiguisé sur cette période complexe de l’existence et l’humour irrésistible de l’auteure, on s’explique mal pourquoi Les pieds sur terre n’arrive jamais vraiment à décoller. Serait-ce à cause de l’omniprésente trame musicale, où l’on retrouve une jolie version d’Umbrella de Rihanna par Charlotte Cardin, qui étouffe l’ensemble ? À cause du manque de fantaisie qui faisait le charme du premier volet ? Bien que les répliques piquantes et les situations loufoques ne manquent pas, le tout souffre d’un rythme déficient. Alors qu’Édith Cochrane et David La Haye s’avèrent d’une belle justesse et que la jeune distribution s’en tire honorablement, Marianne Verville en fait des tonnes, tant et si bien que l’on se demande quelle mouche a piqué notre chère Aurélie. Malgré tout, on a envie de lui dire : et si on se donnait rendez-vous dans 10 ans ?