Folie, montre-toi!

L’âme humaine loge-t-elle dans le coeur ou la tête ? Ou même dans les bras, les jambes ou les mains ? Et la folie ? La danse, en tous les cas, exprime à merveille cet état où l’esprit semble vouloir fuir tout contrôle. Dans Une courte histoire de la folie, la cinéaste québécoise Isabelle Hayeur fait une magnifique démonstration de l’histoire des traitements psychiatriques au Québec. Les six tableaux, chorégraphiés par Virginie Brunelle, mettent en scène des danseurs vivant tour à tour 1860, l’époque des camisoles de force ; 1920, celle de l’hydrothérapie, où l’on administrait contre leur gré des douches aux malades ; 1952, le temps des neuroleptiques, dont l’usage est traduit par un tremblement des mains, une mollesse dans le port et le regard.
Avec 1980 survient la désinstitutionnalisation. Ce n’est pas le segment le plus rose du film. De l’atmosphère aseptisée de l’hôpital, on passe au monde de la rue, où la violence menace.
De l’espoir
Une femme, mutique, est agressée dans le squat où elle tripote avec ferveur, des soirs durant, quelques objets fétiches. Puis elle traîne, entre deux voitures, avant d’être repérée par les policiers et retournée dans une cour d’hôpital.
En guise d’espoir, le film propose la solidarité, les appartements partagés, l’échange, l’insertion dans la collectivité. Tout critique qu’il soit, ce film, en véritable oeuvre d’art, brille de force et de concision, mêlant raison et sensibilité. Une des très belles découvertes du festival, où il fait d’ailleurs partie de la compétition officielle.
Une courte histoire de la folie - Bande-annonce from Isabelle Hayeur on Vimeo.