«Mommy» domine la course

Treize fois cité, Mommy de Xavier Dolan obtient le plus grand nombre de nominations aux Écrans canadiens 2015, présent dans les grosses catégories : film, réalisation, montage, scénario, actrice premier rôle (Anne Dorval), actrice second rôle (Suzanne Clément). Xavier Dolan lui-même atterrit cinq fois en nomination ; film, réalisation, scénario, montage, costumes.
Mommy devrait moissonner gros au gala torontois du 1er mars, avec rediffusion sur les ondes de CBC, 20 h. Malheureusement, l’équipe de ce film n’avait délégué personne mardi pour l’annonce de ces nominations. Rappelons que ces lauriers sont nés en 2012 d’une fusion entre les prix Génie au cinéma canadien et les Gemini, qui couronnent les artisans de la télé et des médias numériques anglophones.
Dans l’ensemble, les nominations semblent assez justes, mais bien des Québécois sont sans lumières sur plusieurs oeuvres canadiennes-anglaises absentes de nos écrans. Présentant les différentes nominations, le producteur Roger Frappier de Max Films a rappelé que des films québécois et canadiens étaient sélectionnés dans tous les grands festivals en compétition ou ailleurs, et que les gouvernements devraient comprendre l’importance économique de notre cinéma.
Le film de Cronenberg
L’autre favori de la course est Maps to the Stars du Torontois David Cronenberg. La récolte finale devrait se partager entre ce duo de tête. Les deux films avaient été récompensés à Cannes : Mommy, par le Prix du jury, Maps to the Stars à travers le prix d’interprétation féminine à Julianne Moore. Onze nominations pour le film de Cronenberg, et non les moindres (film, réalisation, montage, scénario, musique, etc.), dont cinq d’interprétation aux acteurs américains : dans des premiers rôles, Julianne Moore et Evan Bird ; dans des rôles de soutien, John Cusack, Robert Pattinson, Mia Wasikowska.
Si les productions canadiennes-anglaises sont plus présentes que d’habitude, outre le Cronenberg ; In Her Place d’Albert Shin récolte sept nominations, Pompéii de Paul W.S. Anderson et Fall de Terrance Odette, cinq, et Cast no Shadow quatre, et d’autres oeuvres québécoises que Mommy se positionnent avantageusement. C’est le cas du délicieux Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur (six citations), présent dans les plus hautes sections ; film, réalisation, scénario, interprétation premier rôle pour Julianne Côté et Marc-André Grondin et Catherine St-Laurent dans les rôles de soutien.
La fable émouvante Henri Henri de Martin Talbot, qui n’avait pas reçu toute l’attention du public qu’elle méritait, récolte aussi six nominations, avant tout techniques. Meetings with a Young Poet de Rudy Baricello a reçu de son côté cinq citations, également techniques (dont meilleures images et meilleure musique). 1987 de Ricardo Trogi est moins représenté, avec trois citations : Sandrine Bisson pour le meilleur rôle de soutien féminin, meilleurs costumes et meilleurs maquillages.
The Captive du Torontois Atom Egoyan, si mal reçu à Cannes, monte plus haut que prévu, quatre fois cité, dont à la meilleure réalisation et au meilleur scénario.
Dorval ou Moore
Bizarrement c’est Bruce Greenwood qui est nommé au meilleur premier rôle masculin à travers Elephant Song de Charles Binamé, adapté de la pièce de Nicolas Billon, là où son partenaire Xavier Dolan (absent) l’éclipsait complètement dans ce pas de deux.
La catégorie particulièrement à suivre sera celle du meilleur premier rôle féminin, où Anne Dorval (Mommy) affronte l’Américaine Julianne Moore (Maps to the Stars). Aux côtés des actrices d’origine coréenne Kil Hae-yeon et Yoon Da-kyung pour In Her Place, Julianne Côté y concourt également pour sa performance dans Tu dors Nicole. Les producteurs de ce film, Luc Déry et Kim McCraw, de micro_scope, s’avouaient ravis pour la jeune actrice et pour le film, tout en voyant la double vague Mommy et Maps to the Stars déferler aux Écrans canadiens. Tu dors Nicole connaîtra une distribution en France en mars sur une cinquantaine d’écrans, une première pour un film de Stéphane Lafleur. La vente du film aux États-Unis est en cours.
Dans la section documentaire, La marche à suivre de Jean-François Caissy et Fermières d’Annie St-Pierre, très cités, se démarquent.
Des projets en cours
Le producteur Roger Frappier a parlé de ses projets en cours. Il est en pourparlers avec l’acteur principal du prochain film de Kim Nguyen, Two Lovers and a Bear, adapté d’une nouvelle de Louis Grenier, fondateur de l’empire Kanuk, qui sera tournée en anglais, en mars et avril, dans le nord de l’Ontario et au Nunavut, au coût de 8,8 millions. Le film, sur fond de réalisme magique, unit une femme métissée et un homme blanc dans la toundra.Autres projets de Max Films en cours : Mile End scénarisé et tourné par Manon Briand, dans le Mile-End, bientôt déposé et tourné idéalement l’été prochain, ainsi que Scellé plombé de Mathieu Roy (L’autre maison), adapté du roman de Maxime-Olivier Moutier. La production Philémon, tiré des albums du défunt dessinateur Fred, est toujours en développement, sur le long terme. Avec un budget de 20 millions, elle réclame le concours de plusieurs partenaires. Quant au projet d’adaptation en 3D du livre d’Hubert Reeves, L’univers expliqué aux enfants, il est tombé à l’eau.
Luc Déry et Kim McCraw précisent de leur côté mettre leurs énergies à finaliser Guibord s’en va-t-en guerre de Philippe Falardeau, avec Patrick Huard et Suzanne Clément afin qu’il soit prêt au printemps (entendez pour soumission à Cannes). Mais le film d’André Turpin, Endorphine, dont le tournage s’est terminé la veille de Noël, ne sera pas complété avant l’automne. Leur prochain projet est celui de A Worthy Companion, de Carlos et Jason Sanchez, deuxième film de micro_scope tourné en anglais après Whitewash d’Emmanuel Ross-Desmarais. Ils devraient s’atteler ensuite au long métrage Les lauréats de Sophie Goyette, cinéaste des courts métrages La Ronde et Le futur proche.