L’inconnu dans la maison

Houston, au Texas, en 1996. Darius Monroe, 16 ans, s’apprête à embrasser la vie de criminel. En effet, après moult préparatifs, l’adolescent fait irruption dans une banque dans le dessein de la braquer avec l’aide de deux complices. La suite le voit inculpé, jugé et condamné comme un adulte. Or, après cinq années passées en prison, ce n’est pas un revolver que Darius décide de fourbir, mais une caméra.
Un documentaire poignant raconté à la première personne, Evolution of a Criminal est l’occasion pour le protagoniste de donner la parole à sa famille, à ses proches, mais aussi à ses victimes, dans le but avoué de comprendre les motifs de ses actions et les conséquences de celles-ci. En filigrane, Darius Monroe se demande si certains facteurs favorisent, ou non, l’éclosion d’une personnalité criminelle, et si une rédemption est possible.
Intrinsèquement subjective, l’entreprise ne s’en révèle pas moins pertinente, d’autant que l’ex-détenu reconverti en documentariste après avoir dûment étudié à la prestigieuse NYU n’essaie pas de poser en victime du sort. Il assume ses actes et, d’une certaine manière, son film constitue une forme de mea culpa autant qu’une tentative déterminée de tirer quelque enseignement de ses déboires passés.
Aussi intéressant sur le plan émotionnel que sur le plan sociologique, Evolution of a Criminal a été produit par le cinéaste américain Spike Lee (Do the Right Thing, Malcolm X) qui, en permettant à Darius Monroe de mener son projet à bien, a su faire oeuvre utile, à l’instar de son protégé.