À rendre malade

Kad Merad joue le médecin de Dany Boon devenu hypocondriaque pour les besoins de son nouveau film.
Photo: Niagara Films Kad Merad joue le médecin de Dany Boon devenu hypocondriaque pour les besoins de son nouveau film.

Si vous avez eu le plaisir de voir Le prénom, d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, vous reconnaîtrez tout de suite Judith El Zein, celle qui interprétait l’épouse très enceinte de Patrick Bruel, ignorant que son conjoint avait fait une mauvaise blague sur leur futur bébé avant son arrivée à un dîner qui va tourner au jeu de massacre.

 

Sa présence dans Supercondriaque, quoique discrète, ressemble à un cruel rappel d’un plaisir lointain, et brutalement inexistant devant la nouvelle comédie de Dany Boon (Bienvenue chez les Ch’tis, Rien à déclarer), s’octroyant une fois de plus les sièges les plus importants, dont celui de réalisateur, mais aussi de vedette omnipotente.

 

Ce qui agite en partie son personnage n’a toutefois rien de farfelu : les hypocondriaques existent en grand nombre, et tous les médecins vous le diront, Internet a décuplé leurs phobies, se croyant, grâce à Google, plus qualifiés que les professionnels de la santé. C’est d’ailleurs le seul mal qui afflige vraiment Romain (Boon, qui aurait dû faire appel à un regard extérieur pour contrôler son Louis de Funès intérieur), capable à lui seul de faire gonfler les profits des compagnies de liquides antiseptiques, et ceux de son médecin (Kad Merad, en bon second), dont la dévotion depuis près de deux décennies n’est pas totalement désintéressée.

 

Or, la somme des excès, des errances et des phobies de son plus fidèle patient va vite atteindre des sommets, bouleversant au passage un pays imaginaire d’allure postsoviétique que Vladimir Poutine aimerait sans doute envahir.

 

Cette escalade des effets, et surtout des pitreries, se divise en deux temps, avec d’abord la portion dite du « malade imaginaire », enfilade de situations grotesques épinglant ce travers bien contemporain. La suite, jonglant sur une question d’usurpation d’identité impliquant un révolutionnaire et la soeur du médecin (Alice Pol), se veut plus trépidante, mais plonge allègrement dans les abîmes de l’insignifiance. À ce stade, réclamer un congé de maladie n’a rien d’un luxe.

Supercondriaque

★★

Réalisation et scénario : Dany Boon. Avec Dany Boon, Kad Merad, Alice Pol, Judith El Zein, Jean-Yves Berteloot. France, 2014, 107 minutes.