Le blues fragile de Gia Coppola

Dernier bourgeon à fleurir de cette dynastie cinématographique, Gia Coppola, petite-fille de Francis Ford, nièce de Sofia, réalise à 27 ans son premier long métrage. Elle a adapté à l’écran des nouvelles signées par l’acteur-cinéaste James Franco, qui produit le film, le finance et y joue. Oeuvre sur l’adolescence, avec de jeunes personnages aux destins croisés, Palo Alto se démarque des productions du genre par une patine libre et indépendante, sans atteindre toutefois la maîtrise de sa tante Sofia dans son premier film, Virgin Suicides. La glace est mince ici. Trop pour imprimer sa marque, mais le style se dessine, à défaut de vraie substance.
La cinéaste a mis à contribution des jeunes issus de son milieu. Jack Kilmer, fils de l’acteur Val Kilmer, Emma Roberts, nièce de Julia Roberts, etc. Tous se tirent bien d’affaire dans la peau d’adolescents troublés, non associés ici à un univers de riches et célèbres, façon Coppola. Ils vont à l’école, font des partys, flirtent, se cherchent dans leur banlieue californienne.
Deux personnages occupent le devant de la scène : la jolie et timide April (Emma Roberts), vierge attirée par son entraîneur sportif (James Franco), et Teddy (Jack Kilmer), qui fait des conneries sous l’influence d’un ami plus pervers (Nat Wolff). Aussi Emily (Zoe Levin), qui se donne à tous les garçons dans sa chambre rose, témoin d’une enfance toujours vivace empêtrée dans un besoin d’affection non comblé. Ici et là, une lumière s’allume. On pénètre dans un drame intérieur avant d’en sortir trop vite.
Quel scénario?
Le film aborde tout ça : les amours éphémères, la drogue, l’alcool, la vitesse au volant, les travaux communautaires à effectuer comme sentence. Mais on est loin du choc de Kids de Larry Clark. La caméra est tendre, les moments crus jamais montrés. L’authenticité demeure omniprésente pourtant, à travers le moindre détail des costumes, des décors, une caméra de proximité et de souplesse, l’excellente musique aussi. Mais où se terre le scénario ?
Aucune de ces histoires n’est bien captivante, ni poussée à son terme. On a droit à des profils flous, comme l’âge ambivalent dont le film témoigne, mais qui n’arrivent pas à capter l’attention, à émouvoir vraiment. Gia Coppola peut traduire un climat mais peine à brosser de vraies histoires. N’est pas Gus van Sant qui veut. Elle a déjà un patronyme (ça aide). Reste pour elle à se faire un vrai prénom.