Emmêlé dans sa propre toile

L’extraordinaire Spider-Man 2, malgré son titre, est le cinquième film en douze ans à peine qu’Hollywood consacre au superhéros en élasthanne (ou « spandex »). Après la trilogie de Sam Raimi (2002-2007), on a ainsi remis le compteur à zéro avec une nouvelle distribution campant les mêmes personnages et vivant, peu ou prou, les mêmes péripéties. Dictée par l’appât du gain et dénuée de toute nécessité artistique, cette deuxième saga affiche une vacuité particulièrement apparente dans ce second opus.
Récapitulons : après avoir été mordu par une araignée génétiquement modifiée, l’adolescent Peter Parker (Andrew Garfield, 28 ans) développe toutes les habiletés des arachnides, y compris celles de produire des fils, de construire des toiles et de guérir rapidement. Dans L’extraordinaire Spider-Man 2, Peter en apprend davantage sur les circonstances du départ jadis de son père, un scientifique ayant entre autres travaillé sur lesdites araignées mutantes. Le jeune homme tente également de concilier son amour pour la belle Gwen Stacy avec les responsabilités que commandent ses pouvoirs considérables. Comment ménager son couple lorsque l’on est appelé à sauver le monde chaque jour ou presque ? Un vieux dilemme dont ont tâté à répétition Batman, Superman, James Bond…
À cet égard, c’est la toujours savoureuse Emma Stone qui incarne Gwen, un rôle qui en fait n’en est pas un. En effet, ni les scénaristes ni le réalisateur ne se sont donnés trop mal en lui demandant essentiellement d’être elle-même (ce n’est pas plus mal, vu la personnalité éminemment attachante de l’actrice). Le même phénomène afflige le personnage de tante May, qui force Sally Field à s’en remettre à une sorte de « best of » personnel.
Bref, on ne parle plus d’écriture industrielle, mais bien de paresse dramaturgique, avec enjeux claironnés puis développés de la manière la plus attendue qui soit. Entre humour bouffon servant à racoler les tout-petits et mélodrame mal calibré destiné aux plus vieux, le film tire dans toutes les directions. Il en résulte une toile informe dans laquelle l’homme-araignée, pardonnez l’image, a tôt fait de s’emmêler.
V.O. : Cinéma Banque Scotia, Place LaSalle, Carrefour Angrignon, Cavendish, Colisée Kirkland, StarCité, Lacordaire, Des Sources, Spheretech, Marché Central
V.F. : Quartier latin, Place LaSalle, Carrefour Angrignon, StarCité, Lacordaire, Marché Central