Documentaire - Si la CLASSE m’était contée…

En attendant les films de fiction sur le printemps érable et après un poids lourd de reportages, le documentaire Carré rouge sur fond noir de Santiago Bertolino et Hugo Samson arrive sur tous nos écrans. Après projection-événement à Excentris le 26 août, simultanément sur les ondes de Télé-Québec, il prendra l’affiche, toujours à Excentris.
Tout est question d’angle. Le point de vue des réalisateurs, qui ont suivi de l’intérieur les membres de la CLASSE et de leur porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois, offre un fascinant regard, par-delà les enjeux de la lutte étudiante, sur la mécanique d’une cellule de crise. Le reste nous était évidemment connu : les positions de la CLASSE, plus radicales que celles des autres coalitions étudiantes. En prime : un survol de toute cette mobilisation, de la grande manifestation initiale à la défaite électorale de Jean Charest, en passant par le bal de casseroles, les émeutes de Victoriaville, la CLASSE écartée des négociations avec le gouvernement, la démission de la ministre de l’Éducation Line Beauchamp, etc. Mais tout au long du documentaire, c’est vraiment la gestion de l’intérieur de la cellule de la CLASSE qui apporte un éclairage nouveau au printemps 2012. Fascinantes, ces réunions de l’exécutif, ces stratégies à élaborer, ces coups de barre donnés. Et en groupe, avec Gabriel, Maxime, Justin, Victoria et les autres.
Si Gabriel Nadeau-Dubois a été pour plusieurs le visage iconique à pleins journaux, à pleins écrans, de cette lutte contre la hausse des droits de scolarité transformée en ras-le-bol social, il a dû composer aussi avec les effets pervers du système. L’épuisement au premier chef - tous lui réclamaient des interviews -, mais aussi un statut de vedette qui causait des vagues. Le danger du star-system, avec ses tentations de perdre de vue les buts collectifs pour écouter le chant des sirènes, était réel. Si Gabriel Nadeau-Dubois fut poussé à quitter son poste de porte-parole, il explique lui-même les pièges du statut éclair qui le couronna. Le film sur la CLASSE constitue aussi une petite leçon de démocratie, avec votes et prises de décisions collectives.
René Lussier est le compositeur de la musique du film, ce qui lui confère beaucoup de rythme.