Hier au goût du jour

Les dialogues entre Bruce Willis et Mary-Louise Parker sont des instants de plaisir.
Photo: Séville Les dialogues entre Bruce Willis et Mary-Louise Parker sont des instants de plaisir.

Red avait créé la surprise à l’été 2011. Ce thriller d’espionnage, mettant en vedette des acteurs quinquagénaires et sexagénaires dans la peau dure d’agents secrets à la retraite forcés de reprendre du service, avait fait un malheur après du jeune public en salle, perçant une brèche dans la théorie commerçante hollywoodienne dopée au jeunisme. Red 2 pousse la même roue, cette fois pour démontrer que ces vieux rafiots que sont Bruce Willis, John Malkovich et Helen Mirren peuvent encore porter une franchise à bouts de bras - comme le fait l’increvable Sylvester Stallone, de façon beaucoup plus bête mais avec autant de succès commercial, dans sa série The Expandables.

Venons-en aux faits : Red 2 n’est en rien inférieur à Red. C’est déjà énorme. Rien d’étonnant, le budget a été revu à la hausse. L’argent sert ici à compenser l’absence de surprise (on connaît déjà les personnages et leur dynamique) par la démultiplication de décors chics (Paris, Londres, Moscou) et de séquences d’action va-va-voom. Amalgame de nostalgie et d’adrénaline 2.0, le thriller de Dean Parisot (Galaxy Quest) possède le parfum d’un vieux James Bond et le goût d’un film d’action contemporain. Red 2, c’est hier au goût du jour.

 

Vous ne serez donc pas surpris que l’intrigue tire ses origines de la guerre froide. Une bombe fabriquée par un agent du MI6 enfermé depuis (Anthony Hopkins) a refait surface. Le gouvernement américain croit que Frank (Willis) et son complice Marvin (John Malkovich), tueurs retraités de la CIA, savent où elle se trouve. Rien n’est plus faux, mais la poursuite se déclenche, avec tueurs à gages à leurs trousses, y compris leur vieille complice Victoria, jouée par une irrésistible Helen Mirren. Catherine Zeta-Jones fait également bonne figure en traître à la patrie gouailleuse et cochonne, un peu plus proche encore de la Kathleen Turner qu’elle est en train de devenir.

 

L’intrigue aux retournements superfétatoires est prétexte à mieux : l’interaction entre les personnages. Chaque échange de dialogue entre Willis et Mary-Louise Parker, sa petite amie qui rêve d’une vie trépidante et l’obtient, sont des instants de plaisir. L’autodérision et l’autoréférence forment le coeur de l’affaire. Chaque acteur traîne dans Red 2 son bagage le plus lourd, Hopkins celui de Silence of the Lambs, Parker celui de Weeds, Malkovich celui de… Malkovich. On a du mal à s’en plaindre, même si le film, par moments, tire en longueur.

 

 

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