Faites d’autres plans

Le tandem «comique» Dany Boon et Diane Kruger
Photo: Films Séville Le tandem «comique» Dany Boon et Diane Kruger

Devant de mauvais films, le critique n’est pas si différent des autres spectateurs, vivant parfois à la dure sa captivité temporaire, laissant son esprit vagabonder plutôt que de subir avec intensité un spectacle affligeant. Tout cela pour dire que le travail de notre imagination s’avère effréné devant Un plan parfait, la nouvelle comédie romantique de Pascal Chaumeil, lui qui avait frappé un grand coup (commercial) en France avec L’arnacoeur.


Le succès aidant, on lui a offert des moyens à la mesure de ses petits délires, principalement touristiques, nous promenant du Kenya à Moscou, avec bien sûr quelques pauses parisiennes. Cette frénésie est provoquée par deux personnages aux allures de marionnettes, car ils surgissent à la faveur d’un réveillon de Noël alors qu’une divorcée frustrée empoisonne l’ambiance du clan ayant bien voulu la recevoir. Pour lui remonter le moral, on lui raconte, avec moult détails, qu’une malédiction familiale fait en sorte que le premier mariage d’un des leurs se termine toujours par un divorce.


C’est exactement le sort que veut éviter Isabelle (Diane Kruger, plus agitée qu’inspirée), qui file le parfait bonheur avec son copain depuis des années. Lorsqu’il évoque un possible mariage, elle décide de jeter son dévolu sur le premier venu pour accomplir une noce expéditive et un divorce qui le sera tout autant. Pour son plus grand malheur, et un peu le nôtre, c’est Jean-Yves (Dany Boon, dur d’être amusant avec de mauvaises blagues en bouche), un journaliste spécialisé en tourisme, et en gaffes en tous genres, qui sera la victime de ce stratagème. Cet homme un peu niais s’avère aussi très tenace, car après tout, un tel mariage à si bon compte ne risque pas de se présenter deux fois…


Un plan parfait semble nous ramener quarante ans en arrière, à cette époque où le cinéma français nous servait des comédies avec un tandem composé d’un comique très populaire (Pierre Richard, Jean-Paul Belmondo, Louis de Funès) et d’une belle actrice d’origine étrangère (Jane Birkin, Jacqueline Bisset), courant dans tous les sens et livrant parfois de bonnes répliques signées Michel Audiard. La formule semble aujourd’hui quelque peu modifiée - maintenant, c’est la fille qui mène le bal -, mais pour le reste, nous voilà devant une mécanique qui tourne à vide, et sans une once d’esprit.


Que le film soit structuré à la manière d’un conte moral et qu’il aligne une suite de paysages à couper le souffle ne change rien à l’affaire. Un plan parfait n’a de parfait que le titre. Pour le reste, entre des dialogues livrés avec la même dévotion qu’une bande de perroquets et des imbroglios qui auraient fait les belles soirées du Théâtre des Variétés (de la crème à épiler à la place du shampooing, Boon adoptant un accent québécois pour jouer au plus « niaiseux » qu’il ne l’est déjà), tout nous invite à penser à autre chose. Et surtout à passer à autre chose.



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