Rêver d’un Pixar québécois

Une partie des comédiens prêtant leur voix à La légende de Sarila entourant Nancy Florence Savard.
Photo: Annik MH de Carufel - Le Devoir Une partie des comédiens prêtant leur voix à La légende de Sarila entourant Nancy Florence Savard.

Campé dans le Grand Nord, La légende de Sarila conte le récit d’aventure, d’amitié et d’apprentissage de trois jeunes Inuits lancés en traîneau à chiens dans le vaste désert blanc. Leur objectif ? Découvrir la contrée secrète et fertile de Sarila, dont les ressources profiteront à leur village affamé. Réalisé en animation assistée par ordinateur, et en 3D de surcroît, cet ambitieux long-métrage pour la famille, les tout-petits en particulier, est signé Nancy Florence Savard, une réalisatrice, productrice et chef d’entreprise passionnée.


Pour la boîte Productions 10e ave fondée en 1998 par Nancy Florence Savard, la sortie en salle de La Légende de Sarila marque l’aboutissement d’un long processus. « Pierre Tremblay et Roger Harvey sont arrivés chez nous en 2001 alors qu’on travaillait sur La légende du sapin de Noël, une production destinée à la télévision. Ils avaient eu vent qu’on oeuvrait en cinéma d’animation et ils avaient entre les mains ce scénario de long-métrage qui correspondait vraiment à notre façon de faire, à notre vision. Pierre est spécialisé en histoire de l’art et il a longtemps vécu dans le Grand Nord. Roger, de son côté, a scénarisé une foule d’émissions pour enfants. Ils possédaient une expertise vraiment intéressante pour nous », relate la réalisatrice originaire de Québec.


« Je les ai prévenus qu’il faudrait être patients. L’animation est un domaine qui nécessite beaucoup de temps. » De fait, ce type de productions implique deux paliers d’écriture : l’écriture narrative (le scénario) et l’écriture visuelle (la facture). Douze ans plus tard, La légende de Sarila n’a pas à rougir de sa technique, même en se comparant aux films d’animation américains. Si le budget de 8,5 millions de dollars impressionne, rappelons qu’il est dix fois moins élevé (et encore) qu’une production hollywoodienne standard. Par exemple, celui de Toy Story 2 s’élevait à 90 millions… en 1999.


À ce chapitre, Nancy Florence Savard se plaît à souligner un joli parallèle entre Productions 10e ave et Pixar : « Les studios de Pixar sont basés à Emeryville, en Californie, une petite ville de 17 000 habitants. Les locaux de Productions 10e ave sont situés à Saint-Augustin-de-Desmaures, qui compte également 17 000 habitants. Par contre, sur La légende de Sarila, notre équipe totale était composée de 200 personnes, dont 20 animateurs, tandis que chez Pixar, ils sont 200 animateurs ! », dit-elle en rigolant.


La filière américaine ne s’arrête pas là. En effet, le directeur d’animation de La légende de Sarila, Éric Lessard, un natif de Charlesbourg, a travaillé sur les films Shrek 1, 2 et 3, ainsi que sur Madagascar 1 et 2. Ainsi, l’expertise québécoise s’exile parfois pour mieux revenir.


La légende de Sarila prend l’affiche vendredi prochain. Un livre illustré ainsi qu’un roman accompagnent sa sortie. Le film a déjà été vendu dans une vingtaine de pays.


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Aventure en coulisse

Enregistrées au stade de la préproduction, les voix des personnages de La légende de Sarila donnent à entendre celles de Guillaume Perreault, de Maxime Leflaguais, de Mariloup Wolfe, de Mario St-Amand et de Dorothée Berryman. Captées simultanément, les voix de la version anglaise, The legend of Sarila, incluent celles de Christopher Plummer et de Geneviève Bujold.

Trente-quatre ans après l’excellent Murder by Decree qui leur valut à chacun un prix Génie, les deux légendes jouent d’anciens conjoints, un shaman et une guérisseuse. « Christopher se faisait une joie de retrouver Geneviève, se souvient Nancy Florence Savard. Mais leurs emplois du temps ne concordaient jamais, alors on a enregistré leurs voix séparément. Je revois Christopher me disant : “ Nancy, ma chère. Puis-je écouter les bandes audio de Geneviève ? J’aimerais moduler ma performance en fonction de la sienne. ” Et c’est comme ça qu’on a procédé. De cette manière, ils ont pu se donner la réplique en différé ! »

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