«Rebelle» de Kim Nguyen finaliste aux Oscars

Pour une troisième année consécutive, le Canada sera représenté par un réalisateur québécois dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère aux Oscars. Le film Rebelle, du cinéaste Kim Nguyen, a été retenu parmi les cinq finalistes qui se disputeront la statuette dorée à Los Angeles le 24 février. L'annonce a été faite jeudi matin, à Los Angeles.
Il sera opposé aux longs métrages Kon-Tiki (Norvège), No (Chili), A Royal Affair (Danemark) et Amour (Autriche). Ce dernier, signé Michael Haneke, a remporté la Palme d'or à Cannes et il est considéré par de nombreux critiques de cinéma comme le grand favori.Dans les bureaux montréalais de la maison de production Item 7, c'était l'euphorie, jeudi matin, lorsque la comédienne Emma Stone a soufflé les mots: «From Canada, War Witch» en présentant les nominations en direct de Los Angeles.
«C'était la folie furieuse ici! On avait convié tous les membres de l'équipe de Rebelle. [...] Le seul qui s'est fait tirer l'oreille, c'est Kim, qui voulait être dans un petit café, tout seul en train d'écrire un autre scénario. [...] Mais on l'a évidemment conscrit», a lancé le producteur Pierre Even en conférence téléphonique.
Kim Nguyen s'était montré réticent à être de la partie, car l'angoisse le rongeait. «Il y avait beaucoup d'attentes par rapport à ce film et les nominations aux Oscar. [...] Ça se termine en beauté, a-t-il dit avant de se raviser. Bien, en fait, c'est pas encore fini, mais... quelle belle nouvelle inimaginable.»
Le cinéaste et ses producteurs ont confiance en leur Rebelle, qui a eu une carrière prolifique dans les festivals. Le long métrage a été primé à l'étranger, notamment à la Berlinale et au Festival du film de Tribeca, et la jeune actrice congolaise Rachel Mwanza, l'interprète principale du film, a remporté le prix de la meilleure actrice dans ces deux festivals.
«On est très conscients des défis, mais on n'aurait jamais fait le film si on n'avait pas pensé qu'on allait vaincre contre toutes les adversités possibles», a fait valoir M. Nguyen, qui signait avec Rebelle un quatrième film. «On est très conscients que c'est David contre Goliath. Mais parfois David gagne», a poursuivi le réalisateur.
Goliath, dans ce combat cinématographique, est incarné par l'oeuvre Amour. Signé Michael Haneke, le long métrage a remporté la Palme d'or à Cannes et il est considéré par de nombreux critiques de cinéma comme le grand favori — d'ailleurs, en plus d'être cité dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, il est finaliste dans celle du meilleur film.
«Tout le monde sait qu'Amour est le favori, on ne s'en cache pas, mais là il est en nomination dans deux catégories, on pense que ça peut nous aider, peut-être», a souligné Pierre Even.
Yan England à Hollywood
Kim Nguyen n'est pas le seul cinéaste québécois à avoir eu la main heureuse jeudi: le court métrage Henry, de Yan England, a été sélectionné comme finaliste dans sa catégorie. Le comédien et réalisateur était toujours sous le choc, jeudi, après avoir appris la nouvelle alors qu'il coanimait son émission de radio matinale.
Au cours des deux dernières années, deux oeuvres québécoises ont été retenues comme finalistes dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Les réalisateurs Denis Villeneuve (Incendies, finaliste en 2011) et Philippe Falardeau (Monsieur Lazhar, finaliste en 2012) sont cependant rentrés tous deux d'Hollywood les mains vides.
Le seul film québécois à avoir remporté la mise dans cette catégorie demeure Les Invasions barbares, de Denys Arcand, lauréat d'un Oscar en 2004.
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