La patience française

Le Dernier Vol de Lancaster, roman de Sylvain Estibal inspiré d'une histoire vraie, a servi de matière première à ce luxueux mais creux sixième long métrage du Français Karim Dridi (Bye-Bye).
Avec son paysage saharien d'une beauté à couper le souffle, son contexte géopolitique tendu (1933, alors que l'armée coloniale française tente d'asseoir son autorité auprès des Touaregs), la quête éperdue de son héroïne (Marion Cotillard) pour retrouver l'avion tombé du ciel de son amant et les crises morales de son héros (un jeune lieutenant campé par Guillaume Canet), chargé de pacifier les tribus du désert, on peut difficilement éviter la comparaison avec Le Patient Anglais, du regretté Anthony Minghella.Et la comparaison en question est forcément désavantageuse. Car, en visant l'épopée romanesque, Dridi a tourné en plein désert un livre d'images qui possède, au mieux, la portée d'un film de chambre. Le scénario sans vigueur, les personnages qui sonnent faux, les situations qui s'enchaînent laborieusement, l'absence de chimie entre Marion Cotillard et Guillaume Canet (qui forment un couple à la ville), la liste des problèmes est si longue que ce Dernier Vol s'écrase dès les premières minutes.
À qui veut se rendre au bout, mieux vaut s'armer de patience.
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Collaborateur du Devoir